“Petit papa Noël/Quand tu descendras du ciel/Avec tes jouets par milliers/N’oublie as mes petits souliers” T. Rossi
Cher Pater,
La saison des cadeaux approche. J’ai été largement pourvue ces quatre dernières années. Je suppose que vous n’y êtes pas pour grand-chose. La bêtise, l’inconséquence des experts en banqueroute nationale ont bien oeuvré pour le Front. Mais aussi et disons-le franchement, l’empathie dont fait preuve la classe politico médiatique à mon endroit ont rendu tout ceci possible. Tout ceci, c’est à dire une plausible participation au second tour de l’élection présidentielle de 2012. Et ce n’est pas rien.
Rassurez-vous, à l’impossible nul n’est tenu. Pas même le Père Noël. Je vous demanderais donc quelques menus inflexions, de ténus ajouts à l’ordre des choses qui prend, il faut bien le dire, bonne tournure.
Il semble que le discrédit soit total pour la droite au gouvernement. Mais il manque simplement deux ou trois petits adjuvants pour en finir. Durablement. Et nous permettre de jouer un rôle majeur et institutionnel.
Sur le plan international, la perte du AAA serait du meilleur goût. Car voyez-vous, par une incommensurable stupidité le gouvernement en a fait l’alpha et l’oméga de sa politique d’austérité. Une politique drastique imposée par l’extérieur, et par la finance internationale sans visage. Du pain bénit (si je puis dire) pour nos idées. Mettre les Français sous le joug des suppôts de l’empire, et dans le même temps se faire punir par ces mêmes serait pour moi, pendant ses six prochains mois, pourvoyeur d’arguments dont je pourrais faire bon usage sur les plateaux d’un Yves Calvi ou d’une Arlette Chabot.
Sur le plan intérieur, je souhaiterais que vous nous gratifiiez de bavures policières en banlieues. Le gouvernement se chargera comme à l’accoutumée d’envenimer les choses. Les éditocrates feront le travail de transcription en mettant l’accent sur les thèmes ethnico-religieux. Je viendrai fermer le ban avec quelques phrases bien senties sur l’incapacité de l’UMP à garantir la sécurité des Français, et l’angélisme de la gauche à tolérer l’insupportable invasion mahométane.
Enfin et surtout, faites cher Pater que rien ne change dans ce fabuleux pays qu’est la France. Que ce sentiment cocardier reste tel quel, afin que lorsque les choses vacillent je puisse d’une phrase, d’un mot, réveiller le franchouillard qui sommeille en chacun de mes potentiels électeurs. Et ils sont légions.
Comme vous le voyez, ce sont si peu de choses. Et si d’aventure ces présents vous paraissent hors de proportions, sachez tout de même que le Président de la République de la France s’apprête à les déposer au pied de mon conifère enguirlandé.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma francitude la plus dévouée.
Nationalement.
M. Le Pen
Vogelsong – 21 décembre 2011 – Port-De-Bouc (Billet initialement paru sur LeLab)