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C'est à l'issue de laborieuses négociations que les ministres européens de la Pêche et la Commission européenne sont parvenus le week-end dernier à de nouveaux quotas pour l'année 2012. Tandis que la Cour des Comptes démontre l'inefficacité de la politique de pêche européenne, Paris se félicite de quotas favorables, les ONG s'indignent, et pendant ce tems-là, les océans se vident...
La Commission européenne s'était pourtant distinguée fin novembre en jetant les bases d'une interdiction du shark finning dans les eaux territoriales (pêche au requin visant à la seule consommation de l'aileron ou des nageoires).
Sa bonne volonté perçait également dans sa proposition de réforme de la Politique Commune des Pêches (PCP) émise le 13 juillet 2011. Elle y affirmait que la bonne gouvernance de la pêche passe notamment par " l'établissement de mesures conformément aux meilleurs avis scientifiques disponibles".
Il semblait que le déni sur l'état actuel des stocks en ressources marines n'était plus de mise puisque la Commission reconnaissait enfin que la surcapacité de la flotte et le non-respect des avis scientifiques lors de la fixation des quotas étaient responsables de la surpêche.
Pourtant, le nouveau texte fixant les seuils légaux de pêche pour l'année 2012 a été jugé calamiteux par le WWF et " en totale contradiction avec les objectifs proposés par la Commission ". Alors que la Cour des Compte a rendu mis décembre un avis très défavorable sur la politique de pêche européenne, la jugeant inefficace et trop coûteuse, les Etats européens ont de nouveau cédé à l'attentisme...
Des quotas qui " tournent le dos aux recommandations des scientifiques "
Mais qu'a-t-il été décidé, au juste ?
Tout d'abord, les pêcheurs français devront dire adieu à leur quota de 9 tonnes pour le cabillaud de la zone " Ouest Ecosse ". En effet, les stocks ont été jugés trop alarmants par les scientifiques. Mais ils pourront se consoler avec le cabillaud de la Mer Celtique et du Golfe de Gascogne puisque 7 080 tonnes ont été autorisées, contre 3 811 en 2011, ce qui double quasiment les captures. Si le seuil est resté pratiquement identique pour le cabillaud de Mer du Nord (ndlr : les scientifiques recommandent pourtant un arrêt de la pêche ciblée), il a en outre été décidé d'augmenter de 15 % les captures de soles dans la zone " Manche Est ". Autre décision phare : les pêcheurs espagnols se voient accorder des hausses de 110% de leurs quotas de lotte et de 500% du merlan bleu du nord.
Des quotas qui font sortir le WWF de ses gongs : " sur l'ensemble des stocks pour lesquels un avis scientifiques est disponible, on constate un dépassement des recommandations scientifiques pour près d'un quart des stocks avec en moyenne 30% de plus de captures que les préconisations scientifiques". Dans un communiqué particulièrement virulent publié mercredi, l'ONG qualifie ces nouveaux accord de " politique de gribouille court-termiste " qui " met en danger l'avenir de la pêche en Europe".
Du côté du ministre de l'Agriculture et de la Pêche, le son de cloche était tout à fait différent: " il s'agit d'un résultat extrêmement positif car il permet de maintenir les capacités de capture des pêches françaises. Il est l'illustration de l'effort fait par la profession en matière de sélection et de réduction des capacités "a ainsi déclaré le ministre Bruno Le Maire. Le Comité national des pêches (CNPMEM) s'est lui aussi réjoui de cet accord, exprimant son " soulagement " et sa " satisfaction " ainsi que la " pugnacité " de M. Le Maire.
Alors même que la Cour des Compte vient prouver par les chiffres l'incapacité de la Politique de Pêche Commune à freiner la surpêche, on comprend le désespoir des ONG qui ont assisté, encore une fois, à un vrai dialogue de sourds.
Célia Garcin