Sympathique initiative du Centre d’Art et de Culture de Meudon (92) qui proposa aujourd'hui, en lien avec le Grand Paris Seine Ouest, un concert de clôture (gratuit) de la semaine de musique baroque, donné par le Conservatoire Marcel Dupré, sous la direction de David Zambon, et une présentation de l’évolution chorégraphique qui marqua cette époque par deux danseurs fort émérites, Christine Bayle et Hubert Hazebroucq.
La célébrissime Sarabande de la suite n°11 en ré mineur de Haendel ouvrit la soirée avec solennité, rappelant brièvement son association avec un film très connu de Stanley Kubrick. La lenteur du morceau lui confère de la majesté sans gommer son coté un peu sombre. Nous le réentendrons plus tard dans une interprétation plus légère, mieux adaptée à l’esprit de la danse.
De multiples démonstrations de pas dansés ont permis d’approcher les changements qui ont marqué cet art, depuis la Renaissance, où s’opposait alors la basse danse (les pieds décollant très peu du sol) aux pas sautés avant d’enchainer sur ce qu’on a appelé a posteriori la période baroque. Les explications données à cet égard par Alain Pucci, professeur de culture musicale, ont permis de décoder les morceaux avec plus de facilité.
A l’époque de la Renaissance l’instrument-roi était la guitare, laquelle n’avait alors que 4 cordes. Elle fut détrônée par le luth au XVI° quand on inventa, à Venise, dans les années 1500, un système de notation de la musique.
Nous avons découvert des extraits de branles (une danse que les jeunes filles ne devaient jamais refuser), de pavanes, gaillardes, ronde, moresca (grelots aux pieds) avec un certain exotisme. Les salles de bal, comme celle de Fontainebleau, furent construites au XV° siècle alors qu’on commence à découvrir l’existence de l’Océan indien, de l’Amérique et de l’Afrique, ce qui va influencer la perception que l’on a de l’espace. C’est alors qu’apparaitront, en peinture, les notions de perspective et de trompe-l’œil.
Le maniérisme (à la manière de Michel-Ange) éclot vers 1530 avec la contre-position, et la torsion du corps dessinant un S. Un certain burlesque se remarque parfois, les danseurs pouvant mimer un combat au sabre.
La seconde partie du concert fut orientée davantage vers les Noëls musicaux, tels qu’ils se jouaient dans la Chapelle du roi, avec plus ou moins de reprises, de manière à terminer à exactement minuit.
Nous avons eu un aperçu de courante, bourrée, menuet, gavotte, gigue … composées par Robert de Visée, le maitre de Louis XIV et du Grand Dauphin, et qui donc est probablement venu à Meudon. L’inventivité est très forte, faisant surgir aussi bien Pantalon qu’Arlequin, Isabelle et Colombine.
Le mot baroque vient de la langue portugaise, signifiant perle irrégulière. Sa signification de bizarrerie, d’insolite, fut d’abord attachée à l’architecture. Ce n’est qu’au début du XX° siècle qu’on a désigné le XVI° et le XVII° avec ce terme, toujours en architecture, le XVIII° étant qualifié de rococo. Vers 1930 le mot baroque est associé à la musique et à la danse plus tard encore.
Pour terminer ce fut la marche pour la cérémonie des Turcs de Lully extrait de la musique pour le Bourgeois gentilhomme. Ce morceau plut beaucoup au roi qui la découvrit à Chambord et qui , depuis, ne cesse d'être un "tube" si souvent employé comme musique de film dès lors que l'intrigue se situe au Grand Siècle.
Nous eûmes en bonus l’hymne européen, qui nous fit revenir dans le notre, de siècle, après une pause dans le précédent puisque c'est en 1823 qu'il fut composé par Ludwig van Beethoven, pour clôturer sa Neuvième symphonie. Comme quoi on peut passer un après-midi culturel et familial (le programme était très accessible aux enfants) sans se précipiter à Paris. Encore faut-il penser à de scruter les propositions qui sont faites près de chez vous. Et elles sont plus nombreuses que vous ne le pensez, un peu partout en France, car il n'y a pas que la banlieue non plus qui soit vivante.