Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
12e épisode
Résumé de l’épisode précédent : Alix s’aperçoit qu’elle porte sa grand-mère sur son dos. À une autre époque, c’est la grand-mère qui porte Alix, jusqu’à la table où le petit déjeuner est servi. Le soleil d’hiver les regarde avec envie par la fenêtre.
R sa hanche, ici, et va touiller quelque chose là-bas.
Et soleil (mais non c’est ‘Loïse), nous fait signe que
Elle commence à peler ! Vous vous remuez un peu
Les fesses, allez, allez, les filles, quoi, ne me laissez
Pas dans le froid... Z’aviez promis, que vous seriez
Ponctuelles au moins ce coup-ci... Ça va, on arrive,
On repousse sa chaise, là, et, d’un coin de serviette
On s’essuie la bouche, on se frotte les doigts... Vite, (580)
On enfile les bottes, on passe les duffle-coats, allez,
En route, mauvaise troupe ! De quel côté est-ce qu’
On va donc ? « Au bord du trou », répond Héloïse.
Oui, je sais bien qu’on y est déjà,même accrochées
Au cou de la vieille vous n’y plongerez que mieux,
Mém’zelles, il n’y a rien à y faire... tout est si vieux
Et la pente appelle. « Le bout est le bout ». Et nous,
On va y aller voir, vous voulez ? De plus près, rien
Que pour s’y habituer, on va s’avancer jusqu’à l’ex
Trême bord, et se pencher un peu. Oh ! je vous tien (590)
Drai bien la main. N’ayez crainte...Et puis on avan
Cera en rampant, on regardera. C’est là que le bois
S’arrête, vous connaissez (de loin). Après c’est tout
Le trou qu’on voit, il est là au bout, et déjà dessous,
Il a creusé. La terre tient encore par les grosses raci
Nes. On dirait un balcon la forêt, quand on se tient
Là, en tout cas c’est l’effet que ça me fait, à moi. Et,
On se prend à respirer, ça sent la terre arrachée, les
Branches tordues et brisées... Et le trou, oui, le trou.
On prend une inspiration, mais elle reste courte vu (600)
Qu’on est vautré : sans balustrade, sans le moindre
Garde-corps ou garde-fou, on va pas rester debout,
Et couché à plat-ventre, c’est vrai, on ne respire pas
Très bien...Sous le « balcon » en question, qu’est-ce
Que ça doit pendouiller, les racines et radicelles ; et,
De ne plus rien trouver à pomper, que le vide, bien
Trouiller aussi... Mais de toute façon, même loin du
Bord, même par là loin derrière mon dos (je montre
Avec mon pouce, poing fermé), jusque dans le fond
Du bois, il y a (on le sent bien) une inquiétude géné (610)
Rale; comme un vent de panique, qui, plus ou moins
Fort, souffle partout, et s’il laisse en paix telle futaie
À un moment, ou telle clairière, - il va y revenir, né
Céssairement. Et ce vent gonfle partout de blanches
Manches à air, qui ne sont pas là (pur fantasme et fan
Taisie, de l’esprit ; mais on croit les voir), vers midi,
Et quand le soleil s’époumone et plombe. Mais si la
Nuit règne ou qu’il fait trop gris, alors, le vent bruit
Crisse d’escarbilles et de mites blanches, ou ce sont,
Des flocons de suie peut-être, mais blancs... Comme (620)
Si on vannait feu et cendre. - Et sautent partout cri
Quets et grillons (blancs, ou gris pâle). Enfin, voilà...
Nous-mêmes on est blême et tellement con, merde !
On n’est rien que des péquenots et des fins de race !
en raison d'une courte pause de Poezibao, prochain épisode le lundi 2 janvier 2012.