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L'expérience aura tourné court. Un mois après son lancement, le site Note2be, qui permettait aux élèves de noter leurs professeurs, devrait disparaître. Car c'est ce principe de notation que le tribunal de grande instance de Paris a interdit lundi 3 mars. Saisi en référé par le Snes, un syndicat d'enseignants, il a ordonné au site de supprimer toutes les "données nominatives". Ouvert le 29 janvier dernier, Note2be avait suscité une levée de boucliers de plusieurs représentants d'enseignants. L'action judiciaire constitue l'un des trois volets de leurs actions. Elle n'est d'ailleurs pas encore terminée, puisque Note2be va faire appel. Le site a 48 heures pour retirer les noms de professeurs, sous peine d'astreinte de 1.000 euros par jour. Il doit également verser un euro à chaque plaignant, dont une cinquantaine de professeurs.
Cette décision a surpris le co-fondateur de Note2be, qui évoque des exemples à l'étranger. "La notation de professeurs se fait aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, assure Stéphane Cola. Et en Allemagne, un juge a récemment autorisé un site similaire après avoir pourtant utilisé les mêmes arguments que le tribunal français. Il a fait primer la liberté d'expression des élèves et leur légitimité à la tranquillité des enseignants."
Plus largement, le co-fondateur estime que cette décision "ne va pas dans le sens de l'évolution d'Internet". Pour lui, elle "menace les fondements du Web 2.0 contributif", notamment en ordonnant que les forums de discussions soient modérés a priori. Du côté du syndicat, la co-secrétaire générale se dit satisfaite du jugement et attend l'appel avec confiance.
Avant de saisir la justice, les enseignants s'étaient tournés vers la Cnil. Quelques jours après l'ouverture du site, un autre syndicat, le Snalc, lui avait demandé d'intervenir. La Cnil avait alors effectué un contrôle dans les locaux des responsables le 13 février, afin de vérifier la conformité du site avec la loi "informatique et libertés". Elle publiera sa décision jeudi 6 mars.
Au-delà de ces actions classiques, la mobilisation des enseignants s'est traduite par différentes pressions. "Comme des syndicats avaient déjà saisi la justice et la Cnil, nous avons cherché autre chose. Nous nous sommes dits qu'il fallait tarir la source financière de ce site", explique Jacques Mille du Sies. Ce syndicat marseillais avait appelé le public au boycott des annonceurs de Note2be et à signaler son mécontentement aux régies qui en commercialisaient les espaces publicitaires.
Avec succès semble-t-il puisque Comclick (Hi Media) puis Zanox ont arrêté de travailler avec ce site. Restaient les liens sponsorisés Google, mais devant le refus du moteur de recherche de satisfaire sa demande, le Sies a fait pression directement sur les annonceurs. Une partie aurait décidé de ne plus apparaître sur le site.
Source: http://www.journaldunet.com