Nous retrouvons Kaze, le héros de la trilogie furutanienne, sur la route du Tokaïdo, cette artère commerçante qui irrigue les plus importantes cités du Japon – nous sommes en 1604 - et conduit de Kyoto, l’antique capitale, à Edo, centre du pouvoir du nouveau Shogun, Tokugawa, avec ses cinquante trois relais merveilleusement dépeints par les maîtres de l’estampe, en faisant un diverticule vers Kamakura.
Kaze a un an de plus que lors de l’épisode précédent mais poursuit encore et toujours sa quête, retrouver la fille de sa Dame, morte entre ses bras de tortures et d’humiliation. En chemin justement, il entend des cris : un parti de brigands attaque un riche marchand et va submerger ses gardes pour s’emparer d’une précieuse cassette. Kaze s’interpose. Mais, chose impensable, son merveilleux katana se brise au contact de celui de son adversaire, très habile au combat. Néanmoins, Kaze tue l’assaillant et met en fuite ses sbires. Il doit se contenter de récupérer le sabre du mort, ce qui n’est pas dans la philosophie du bushido. Ensuite, il offre sa protection au marchand jusqu’à se demeure de Kamakura. Non sans se poser de nombreuses questions sur l’activité réelle de cet homme d’affaires dont le seul centre d’intérêt semble être sa profonde dévotion pour sa jeune épouse Yuchan.
Kaze est à la poursuite d’un groupe de personnages étranges : une grand-mère officiellement autorisée à assouvir une vengeance, suitée d’un domestique très maigre et d’un de ses petits-fils. C’est lui qui lui a remis un gâteau enveloppé d’un morceau de tissu portant la marque du clan de son ancien seigneur et Kaze veut absolument savoir si ce morceau d’étoffe peut le conduire à retrouver la petite fille. Il passe alors un marché avec l’intransigeante grand-mère qui elle, cherche à savoir ce qu’il est advenu d’un autre de ses petits-fils, brillant manieur de sabre, et qui a disparu lui aussi en tentant d’exécuter la vengeance familiale. Tout le monde se retrouve à Kamakura, chez le marchand Hishigawa, qui a bâti pour son épouse un palais de Jade au milieu d’une île. Cependant, l’arrivée de Kaze provoque bien des réactions.
Sur ce chemin initiatique, c’est le lecteur qui entrevoit le mystère de la tradition des arts martiaux japonais, la façon de forger un sabre katana, l’origine des ninjas, les préceptes du zen délivrés par les sensei, maîtres d’apprentissage des jeunes samouraïs, leurs principes de combat au plus près de la nature, leur code d’honneur.
En fait, l’auteur nous fait entrer de plain pied dans une scène de Kurosawa. Vengeance au palais de Jade est la suite de La Promesse du samouraï, mais peut aussi se lire séparément….En tous cas, j’attends avec impatience le troisième volume pour savoir enfin où est cachée la petite fille ….Les dernières lignes du livre nous indiquent la direction d’Edo, future Tokyo ….
Vengeance au palais de Jade, par Dale Furutani, traduit de l’américain par Katia Holmes, Edition 10/18, collection Grands détectives. 280 p. 7,8€