Voici le premier épisode d'une trilogie qui nous transporte instantanément dans le Japon des premières années du XVIIème siècle.
Le pouvoir vient de changer de mains. De nombreux et fiers soldats de métier, des samouraï sans emploi ont été jetés sur les chemins, ils appartenaient à l’un des clans vaincus, sans maîtres, ils sont désormais des rônins. Certains s’enrôlent auprès d’autres seigneurs de la guerre, certains changent de métier et deviennent marchands, une caste très dépréciée pourtant. Il en est qui suivent leur chemin, en particulier lorsqu’ils poursuivent un objectif compatible avec les principes du bushido, leur code d'honneur ancestral.
Tel est le cas du héros : trente et un ans, bien bâti, il ne se rase pas le devant de la tête mais a réuni ses longs cheveux en un chignon ramassé derrière la tête. Il ne porte curieusement qu’un seul sabre, un katana. Il se nomme Matsuyama Kaze, ce qui signifie « Vent de la montagne couverte de Pins ». Le fait qu’il porte deux noms signifie qu’il vient d’une noble famille. Il va par le chemin, à pied. Il se sent proche de la nature. Nous apprendrons plus tard qu’il fut marié, fut père de deux enfants, mais qu’alors qu’il guerroyait pour le compte de son seigneur, son propre château fut attaqué et investi. Pour ne pas subir l’intolérable humiliation d’être soumise en esclavage, son épouse a réagi en samouraï : elle a elle-même égorgé ses enfants puis s’est faite seppuku. Kaze n’a pas pu éviter la chute de son seigneur. Il a cependant fait une promesse à la veuve de celui-ci : retrouver sa fille de sept ans, qui a vraisemblablement été vendue. En gage, la Dame a conservé son sabre court. Et puis, elle est morte dans ses bras, d'une façon que nous découvrirons dans le deuxième épisode.
Kaze parcourt le Japon depuis déjà deux années au moment où nous le trouvons au milieu d’un carrefour de cinq routes. Un cadavre de samouraÏ y a été déposé, transpercé d’une flèche de très belle facture. On soupçonne fortement les brigands qui rançonnent la population depuis deux ans ….Le seigneur du lieu va demander à son magistrat, au chef du village et à Kaze de trouver l’assassin. Qui a tué ? Pourquoi ? Kaze interrompt sa quête pour résoudre cette énigme. Il ne manque pas non plus d’interroger les uns et les autres sur la présence d’une fillette de neuf ans. Mais personne n’en a entendu parler. Jusqu’à ce que Kazé reçoive, des mains d’un très jeune homme auquel il vient de rendre un grand service, un petit gâteau sec enveloppé dans un morceau de tissu. Il avait oublié ce présent dans la manche de son kimono. Quand il le déplie, il constate avec surprise que le tissu reproduit l’emblème de la famille de sa défunte Dame. Il lui faut donc repartir à la rencontre du jeune homme et de sa terrible grand-mère.
Pour moi qui ai une passion pour les estampes japonaises, ce livre est un véritable délice. J’ai l’impression d’entrer dans une de ces merveilleuses scènes de genre d’Hokusaï ou plutôt d’Hiroshige. Les pins, le chemin boueux, la montagne, la pluie drue, la chaleur ….tout concourt à laisser entrapercevoir la façon de penser traditionnelle japonaise, si étrangère à nos valeurs, encore que, si on y prête une plus grande attention ….Bien écrit, bien traduit, des combats précis et spectaculaires, en fait une classique manga à l’occidentale. A déguster par petites goulées.
La promesse du samouraï, par Dale Furutani, traduit de l'américain par Katia Holmes, Editions 10/18 Grands détectives, 254 p. 8€