En même temps que le récit d’une aventure haute en
couleurs, il m’a semblé que le film offrait un tableau très juste des Etats-Unis, marqué par les fausses valeurs d’une politique de la promotion personnelle, d’une
éducation fondée sur l’argent, d’une éthique qui érige la réussite professionnelle comme principe unique.
Dans ce contexte, le libre penseur apparaît toujours
comme un marginal, un dérouté. Les immeubles, les voitures, la densité du traffic, la rigueur de la loi et la présence obsédante de la police l’écrasent et le défient
constamment. (Terrible image de Los Angelès au milieu du film…) Seule, la nature américaine lui offre les grands espaces et un cadre propice à l’épanouissement et aux fantasmes
de la vie sauvage, loin des interstates (le film montre les grands lacs, les torrents tumultueux du Colorado, les massifs rouges du Grand Canyon, les rouleaux du Pacifique, les forêts d’Alaska et
du Yukon cher à Jack London, souvent cité par Alexander Supertramp…)