ceci pour le Printemps des Poètes (toujours 150 mots) sur une photo de Dina Vierny parue dans “Le Monde”
Goûtez vous le calme de la nuit à peine ponctué de quelques sons ? - un train qui démarre, une bourrasque de vent qui s’engouffre dans les volets, le froissement huilé des peupliers du jardin à côté, et même un chant de hulotte - tout ceci porte à une rêverie nourrissante. Nous sommes tranquilles, votre souvenir et moi, vous gardez le silence mais je suis là. Faut-il bien parler ? Non, laissons plutôt passer ce moment plein de douceur où se dessinent les formes de l’aube dans le ciel mobile. Vous sortez du bain, regardant avec une tendre amertume au miroir les premières flétrissures du temps sur votre buste mouillé: seins puis ventre et sexe entrouvert, puis de nouveau votre visage (ah cette ancienne photo; le visage de face vers l’objectif, pommettes hautes avec ce chignon lourd: l’artiste est derrière de profil, sa barbe un peu grise, tout posé et paisible).