Quand je vois que c’est Alvin et les Chipmunks 3 qui est – aisément – arrivé en tête des démarrages sur Parsi/Périphérie le jour de sa sortie, devançant La délicatesse et A Dangerous Method, je me dis qu’il y a des gens qui doivent réellement penser ce que j’ai écrit dans le premier paragraphe, aussi fou que cela puisse paraître. Personnellement, chaque vision de la bande-annonce me hérissait le poil et me faisait remuer la tête en un signe irrépressible de négation. A chaque fois, que j’entendais Alvin et ses copines entonner le fameux tube de Lady Gaga, et surtout que j’entendais les rires amusés fusant dans la salle, je perdais un peu plus espoir en l’humanité. Quand je pense que le film a fait presque autant d’entrées à la séance de 14h que L’ordre et la morale sur toute sa première journée à Paris…
Le Havre fait partie de ses films que je suis allé voir poussé par une critique unanime depuis le Festival de Cannes, où beaucoup s’étaient étonné de voir le film oublié par le jury au moment de décerner le Palmarès. Mercredi 21 décembre, les critiques étant tout aussi élogieuses pour saluer l’œuvre de Kaurismäki, le doute n’était pas permis, Le Havre était un des films immanquables de la semaine, si ce n’était pas tout simplement LE film immanquable de la semaine (aurais-je le temps à un moment d’aller revoir L’irlandais avec des sous-titres ?). Je me souviens encore de la projection pénible de L’homme sans passé, mais je me suis laissé convaincre, un peu comme Le gamin au vélo au printemps dernier, lorsque mon aversion pour le cinéma des Dardennes n’avait pas fait le poids face à la conscience cinéphile. Parfois, je ferais mieux de laisser cette bonne conscience en veilleuse et suivre mon instinct, Le Havre me l’a indubitablement rappelé.
Et que dire de la tentative (ratée) de Kaurismaki d’accoupler le cadre havrais contemporain avec une atmosphère désuète sortie des années 80 ayant la grise mine (dans l’ambiance) de ses films finlandais ? Si ce n’était le thème, le cadre politique, et les accessoires tels les téléphones portables, on se croirait à l’évidence au début des années 80. Cette stylisation ne prend pas, et couplée à la direction d’acteurs en roue libre, propulse le film dans les méandres de l’ennui, malgré une mise en scène et une direction artistique réussies. Certes le cinéaste finlandais tient son discours sur la place de l’émigré dans la société occidentale, et on lui en est gré, mais lorsque le discours est parasité par un non-sens cinématographique, il devient difficile de se prendre de passion. A l’évidence les critiques y sont parvenus, pas moi. Et j’ai préféré André Wilms, succinctement grandiose d’absurde, en allemand alcoolique dans Americano de Mathieu Demy. Il faut dire que ce film-là pouvait également compter, outre un récit teinté d’une douce mélancolie, sur la présence gracieuse et affolante de Salma Hayek en strip-teaseuse attachante. Peut-être si la Salma d’Americano avait fait un caméo dans Le Havre…