Bien connu des fans de films d’horreur pour avoir mis en scène le plébiscité (mais un peu surestimé selon l’auteur de ces lignes) Tous les Garçons aiment Mandy Lane, Jonathan Levine s’attaque pour son troisième film à un genre totalement différent. 50/50 est en effet une comédie dramatique bien dans l’air du temps puisque s’attaquant au thème du cancer. Un sujet décidément à la mode, après le français Le Bruit des Glaçons et la série américaine The Big C, et que Levine aborde de la même façon qu’il avait abordé le slasher sur Mandy Lane : en se concentrant principalement sur ses personnages.
50/50 suit donc le calvaire au jour le jour d’Adam, un jeune homme tout ce qu’il y a de plus normal, et qui apprend du jour au lendemain qu’il est atteint d’un cancer de la moelle épinière ne lui laissant que 50% de chances de survie. Un pitch tout ce qu’il y a de plus basique, et auquel Levine et son scénariste Will Reiser ne tentent pas de donner artificiellement du relief. 50/50 reste très terre à terre du début à la fin, suivant de façon crédible les différentes étapes du combat d’Adam : la chimiothérapie et ses effets secondaires (vomissements, perte des cheveux), l’éloignement progressif de l’entourage, les séances chez le psy, l’alternance entre moments d’espoir et envie de tout abandonner, l’opération de la dernière chance, etc. Un côté naturaliste qui aurait vite pu rendre le film soit ennuyeux à mourir soit lacrymal au possible, mais heureusement les deux hommes évitent ces écueils de façon habile pour proposer une vraie comédie. 50/50 fait donc certes souvent monter les larmes aux yeux, mais il est aussi très drôle. Le numéro d’équilibriste est impressionnant, et on se surprend souvent à passer du rire aux larmes. On retiendra tout particulièrement une scène très drôle de chimiothérapie au cours de laquelle les patients font tourner des space cakes, ou les premières sessions de psy.
Comme toute bonne comédie, 50/50 repose avant tout sur un casting solide. Joseph Gordon Levitt continue avec ce film comme un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Son interprétation d’Adam est d’une justesse rare, et on n’a aucun mal à se mettre à sa place, ni à se prendre d’affection pour lui. A ses côtés, Seth Rogen, dans son rôle habituel du bon pote un peu envahissant, assure la plupart des moments comiques du film, que ce soit en suggérant à son ami d’utiliser son cancer comme un moyen de draguer, ou en lui prêtant sa tondeuse pour se raser les cheveux (ladite tondeuse ayant servi précédemment à raser une autre partie de l’anatomie humaine). Mais surtout, ce personnage lui permet de faire preuve d’une belle humanité et de plus de finesse qu’à l’accoutumée. Certainement sa meilleure performance avec celles de Funny People et Zach et Miri font un Porno. Les rôles secondaires ne sont pas en reste, de la belle Bryce Dallas Howard en petite amie incapable de faire face à la maladie de son amoureux, à la lumineuse Anna Kendrick en jeune psy motivée mais trop scolaire, en passant par la toujours magnifique Anjelica Houston en mère poule esseulée et rejetée par son fils, tous sont parfaits.
En clair, 50/50 est très probablement un des meilleurs films de l’année. Une comédie drôle et touchante sur un sujet grave, réaliste et pleine de surprises, portée par une troupe d’acteurs excellents. Un vrai bonheur.
Note : 9/10
USA, 2011
Réalisation: Jonathan Levine
Scénario: Will Reiser
Avec: Joseph Gordon-Levitt, Seth Rogen, Bryce Dallas Howard, Anna Kendrick, Anjelica Houston