Magazine Politique

Economie et RI

Publié le 21 décembre 2011 par Egea

Je suis en train de lire "Introduction à l'histoire des relations internationales", de Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle : un classique de 1964, qui parle de Ratzel et MacKinder quand ce n'était pas du tout à la mode..... Dernière édition (4ème ?) de 1991. Le troisième chapitre traite des forces économiques (les concurrences et les conflits). Et surprise, ça n'a pas trop vieilli.

Economie et RI
source

" "L'économie mondiale ne s'est pas développée par la concurrence de partenaires égaux, mais par l'apparition et l'influence de grandes économies nationales successivement dominantes". Cette observation de François Perroux l'a conduit à jeter les bases d’une théorie de l'effet de "domination" dans les relations économiques internationales et à chercher quelles conséquences peut exercer sur l'équilibre économique une "économie dominante". " (p. 66 de l'édition de poche Pocket Agora).

Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu parler de François Perroux. Grenoble, l'UPMF, ça te dit qq chose, Charles ?

Plus sérieusement, notons qu'au cours des années 1960, on était en pleine influence marxiste. Voir des réalistes trouver la façon la moins idiote de prendre en compte les "infrastructures" sociales, ce n'était déjà pas mal. Et relier une approche braudélienne à l'économie, 25 ans avant Paul Kennedy, et plus de 30 ans avant qu'on ne nous parle de géoéconomie et de guerre économique, cela avait de la classe.

Vous allez me dire que rien n'a donc changé. Pas faux. A ceci prêt qu'à l'époque, l'influence intellectuelle dominante était marxiste. Aujourd'hui, je ne dirais pas qu'elle est capitaliste (!), mais à tout le moins beaucoup acceptent l'existence des "marchés" comme un fait sinon souhaitable, du moins incontournable.

De plus, Perroux comme Renouvin et Duroselle ne voient que l'Etat dans les RI, y compris dans les relations économiques : un peu plus loin, on lit des lignes sur "la lutte économique entre les Etats" et la nécessité "d'établir des liens entre les rivalités des intérêts matériels et les oppositions des intérêts politiques".

C'est ne pas voir l'apparition d'autres acteurs économiques, "privés", qui ont des influences sur les relations internationales : spéculateurs, donc, mais aussi firmes ou acteurs gris ou noirs (mafias, crime organisé, piraterie, ...). Ils viennent compliquer cette guerre économique.

Réf : une fiche de lecture de 1966 dans la Revue française de sciences politiques, qui constate (déplore?) que les auteurs ne voient que la "volonté de puissance" (entre guillemets, un vrai gros mot) en lieu et place de philosophie de l'histoire.... A l'époque, on mettait un an à rendre compte d'un livre de plusieurs centaines de pages : au moins avait on l'assurance que le critique avait lu le livre !

O. Kempf


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Egea 3534 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines