Comment peut-on à ce point montrer du doigt des salariés qui font une grève pourtant légitime et aussi suivie (+ de 80 % de grévistes !), ce qui démontre pourtant, si besoin en était, que les raisons qui les poussent sont sérieuses et partagées !
En outre, il faut être de bien mauvaise foi pour condamner ce mouvement social de salariés de sociétés privées, alors que l’État, dirigé par la droite depuis 10 ans, s’est justement déchargé de certaines priorités publiques dont elle fait pourtant un thème de campagne privilégié, sur des sociétés dont la vocation est davantage le profit que l’intérêt collectif…
Enfin, il me semble pour le moins paradoxal, voire à la limite de la légalité que de proposer de manière si démagogique de mettre des forces de l’ordre en remplacement de salariés de sociétés de sécurité privées. Que le droit de grève dans le public puisse être encadré et réglementé en intégrant une notion de service minimum, pourquoi pas, nous sommes bien obligés de nous y plier puisque la loi a été votée et promulguée, à mon grand regret. Mais aller jusqu’à se mêler de la gestion du personnel de sociétés à vocation commerciale, voilà qui me pose vraiment question. Si je me la faisais à la Nicolas J. , j’embraierai par un « pourquoi pas des fonctionnaires dans les brasseries, pour rétablir le droit des clients de consommer en période de pénurie de bière dû à un conflit social! ? Faut pas pousser, bordel ! ».
Si Monsieur Sarkozy ne voit pas où est le problème, moi si : l’argent de mes impôts est-il là pour permettre à des sociétés privées de continuer à faire des profits tout en se refusant à tout dialogue social ? Et de servir à payer des agents des forces de l’ordre à jouer les briseurs de grève ? Cela est particulièrement choquant moralement et je suis fort aise qu’un syndicat ait exprimé la volonté des policiers de ne pas se voir ainsi instrumentalisés. Sont pas si cons que leur hiérarchie le croit, apparemment…
Aussi, je suis ma foi fort satisfait d’observer la détermination dont font preuve ces personnes, qui ne se laissent manifestement pas impressionner par les habituels moulinets et autres ultimatums de notre matamore en chef. Content de même qu’un syndicat de pilotes, ainsi que d’autres de stewards et d’hôtesses, viennent de déclarer un préavis de grève au début de l’année 2012 pour protester contre ce qu’ils l’estiment à juste titre représenter une atteinte au droit de grève.
Pour la droite, en effet, nous en voyons le vrai visage de plus en plus aujourd’hui, une bonne grève serait un mouvement le plus modeste possible qui ne gêne surtout personne. Or, comment les salariés peuvent-ils enclencher un rapport de force qui leur serait favorable s’ils sont privés de tout moyen d’action légal ? Alors que lerus employeurs ne se sont jamais sentis si puissants qu’aujourd’hui, avec un tel chômage de masse… et la menace que consitue les plans d’austérité.
A engendrer tant de frustrations et d’impossibilité d’exprimer leur désarroi, les travailleurs de France risquent bien de péter les plombs de manière bien moins conventionnelle un jour, si cela continue, vu le contexte. Politiques, de tous bords, méfiez vous de la juste colère du peuple.