En les voyant rouler sur la table je ne pus m’empêcher de penser que ma mère n’ aurait pas hésité une seconde à me faire avaler cette fameuse mirabelle strip-teaseuse en m’affirmant :
– Elle n’est pas pourrie comme tu dis, Evan ! Elle est juste gâté ! on voit que tu n’as pas connu l’époque des rutabagas !
C’est vrai. Elle avait raison. Je ne connaissais pas ce siècle au nom bizarre : Rutabaga
Attendant impatiemment l'arrivée de Mélanie, je tuai le temps en triturant puis écrasant violemment quelques miettes de gâteaux collées au fond des poches de ma veste en daim, puis, je marchai de long en large dans le salon en sifflotant des airs de musiques agaçantes ; du Sergio Léone de préférence, car mon père détestait (et encore aujourd'hui) les westerns spaghettis. Je regardai de temps à autre ses fruits prendre forme sur la toile en me posant la question de savoir comment allait-il faire pour exprimer la gémellité de la mirabelle pourrie se fondant dans la poire. En fin de compte, constatant que je n'intéressais personne, je sifflotai à nouveau jusque qu’il me vire du salon en gueulant de me trouver une occupation.