C'est une équipe de l'Inserm qui vient de mettre en évidence le rôle d'un gène (INF2) qui, muté, est la cause majeure de l'association entre ces deux maladies. Cette découverte, publiée dans l'édition en ligne du 22 décembre du New England Journal of Medicine explique le rôle d'un mécanisme cellulaire commun aux deux types de maladies et qui pourrait être en cause dans d'autres affections encore.
La maladie de Charcot-Marie-Tooth (MCMT), à ne pas confondre avec la sclérose latérale amyotrophique est une maladie neurologique grave, héréditaire qui touche environ une personne sur 2500. Elle peut être associée, dans certains cas, à une maladie rénale. Mais, jusqu'à présent, aucune base génétique ou physiologique commune n'avait pu expliquer cette association.
L'équipe de Corinne Antignac, directrice de l'unité mixte de recherche Inserm/Université Paris Descartes "Néphropathies Héréditaires et rein en développement" de l'hôpital Necker - Enfants malades (AP-HP) vient de mettre en évidence le rôle d'un gène (INF2). Muté, ce gène est la cause majeure de l'association entre ces deux maladies, explique le communiqué de l'Inserm.
La maladie de Charcot-Marie-Tooth (MCMT) est caractérisée par une faiblesse musculaire progressive qui atteint notamment les extrémités des membres. Cette affection est liée à l'atteinte des nerfs périphériques (reliant la moelle épinière aux muscles) qui perturbe la conduction de l'influx nerveux. Des cas de maladies rénales ont été répertoriés chez les patients atteints de la maladie de Charcot-Marie-Tooth. Plus récemment, des mutations du gène INF2 ont été identifiées chez des patients atteints de maladies rénales. Or des protéines codées par le gène INF2 sont étroitement liées au processus de myélinisation, c'est-à-dire la formation d'une gaine de protéines de myéline autour des nerfs qui favorise la conduction des influx nerveux.
La mutation du gène INF2, cause majeure de l'association entre la maladie de Charcot-Marie-Tooth et la maladie rénale" : Dans cette étude, les chercheurs qui cherchaient à expliquer le point commun entre la maladie rénale et neurologique, ont analysé les profils génétiques de 16 patients atteints à la fois de la MCMT et d'une maladie rénale. Ils constatent, dans 75% des cas, que le gène INF2 est muté et que la protéine INF2 issue du gène INF2 est localisée à la fois dans les cellules qui tapissent la paroi des capillaires du rein (podocytes) et dans les cellules de Schwann qui entourent les nerfs.
Quelles conséquences de la mutation d'INF2 dans les cellules ? Les chercheurs observent que lorsque INF2 est muté, alors le déplacement de protéines telles que celles de la myéline et son maintien le long des terminaisons nerveuses sont désorganisés. En l'absence de myéline, l'influx nerveux est ralenti et perturbe la transmission de l'information.
Sources : Communiqué Inserm et The New England Journal of Medicine, 22 décembre 2011 « INF2 Mutations in Charcot–Marie–Tooth Disease with Glomerulopathy” (Vignette Inserm “Podocytes : Cytosquelette très développé marqué en rouge. Microscopie en fluorescence” et visuel Inserm “Cellules de Schwann. Cytosquelette très développé marqué en rouge. Microscopie en fluorescence”.)