Valérie Pécresse, ministre de son état, nous refait le coup de la haine des autres, les pas comme nous, ceux qui ne vivent pas dans une grande ville... La vidéo date de 2010, mais elle est toujours d'actualité pour se souvenir de qui est aujourd'hui représentante de la "France".
La haine de classe dans toute sa splendeur, racisme sous jacent en plus. Ou comment le Grand Paris (idée ménée aussi bien par le PS que l'UMP) n'a d'autres ambitions que de créer une zone de riches.
A voir.
En réponse, cette note sur l'économie du don, datant de 2002... Mais qui n'a pas pris une seule ride. La vie est un choix, et il faut savoir choisir son camp.
Notes sur les alternatives à l’économie de marché
lundi 14 octobre 2002
Il y a beaucoup de choses négatives dans l’économie capitaliste. En tout premier lieu son inégalité, inhumaine et révoltante. Le capitalisme est mû par l’exploitation. Sous la garantie de l’état, il gaspille et conduit à une perpétuelle surproduction dans certaines régions du monde alors que dans d’autres il organise la pénurie ou la famine. Pour masquer ces réalités, il évoque des "lois économiques". Ces lois ne reposent sur rien. Ce sont des mythes. A l’inverse, beaucoup de choses qu’il raille dans d’autres formes possibles d’économie paraissent, à l’analyse parfaitement réaliste. Essayons d’en poser quelques grands principes.
MYTHE N° 1 : Nous ne travaillerions pas s’il n’y avait pas d’argent.
C’est le premier grand mythe pour justifier l’oppression capitaliste. Et il ne résiste pas à la confrontation avec les faits : En Grande Bretagne , 60% du travail n’est pas rémunéré [1]. Il est effectué volontairement, bénévolement, par des parents ou des personnes concernées, des voisins ou autres personnes "généreuses". Autrement dit, une grande partie de notre société est déjà organisée autour de l’économie de don. La seule raison pour laquelle elle ne l’est pas entièrement réside dans le fait qu’ul petit nombre de personnes peuvent accroître leur capital par l’esclavage salarié des autres. El la seule raison pour laquelle nous ne sommes pas plus nombreux à être "généreux" et que nous sommes obligés de travailler comme des brutes pour joindre les deux bouts, dans une société où on nous apprend à être égoïstes, mesquins et peu fiables. La nature humaine est partageuse. La société est issue de la coopération. Notre espèce à survécu parce que nous nous sommes rassemblés. Et c’est bien grâce à la force de notre instinct de don que notre société est encore assez coopérative, malgré les efforts du capitalisme pour transformer toutes les relations humaines en relations commerciales.
MYTHE N° 2 : Si tout était gratuit nous viderions les magasins.
Dans une certaine mesure, l’éducation et la santé (deux biens fondamentaux) , parfois les transports, sont déjà gratuits depuis longtemps (malgré les efforts acharnés du capitalisme), ainsi que de nombreux autres services, marchandises, etc. Or, en général, les gens ne prennent pas ce dont ils n’ont pas besoin. C’est lorsqu’il y a pénurie que les gens peuvent se conduire égoïstement. Dans une société basée sur le don, il n’y aura pas de pénurie (si vous voulez savoir pourquoi prenez la peine de terminer cet article). Aujourd’hui, un des gros problèmes créé par l’argent c’est qu’on peut le cacher. Donc, personne ne sait ce que possèdent les autres, et ceci crée un problème de méfiance et développe l’égoïsme. Si l’argent et les possibilités d’accumulation disparaissent, c’est à l’inverse le sens de la coopération qui est développé. Débarrassons nous des actions, de l’accumulation du capital, des primes, et chacun de nous saura où il en est.
MYTHE N° 3 :Le capitalisme est bien organisé : La demande dirige la production. "Le client est roi".
En tant que consommateurs, nous sommes censés diriger l’économie en "exigeant" en quelque sorte les produits que nous voulons. Ensuite, nous les fournissons en tant que travailleurs-producteurs. Entre parenthèses, un sous-mythe veut que l’économie soit composée de consommateurs et de producteurs. En fait, nous sommes les deux en même temps et les deux groupes économiques vraiment distincts sont les masses populaires d’une part et les quelques décideurs - patrons qui en tirent profit de l’autre.
Dans les faits, les patrons planifient la production pour faire des profits et seulement profits, pas pour satisfaire les besoins des gens. Ils provoquent la demande par le marketing, les techniques publicitaires, ... La production est hautement planifiée. Ils ne pourraient pas se permettre d’installer une chaîne de montage moderne, de mettre des marchandises sur le marché pour découvrir que personne n’en veut. Donc, ils planifient la production après avoir créé la demande.
MYTHE N° 4 : L’argent fait le bonheur.
L’argent fait le bonheur, puisqu’il concentre les ressources et la richesse dans peu de mains. Si le capitalisme était conçu pour satisfaire les besoins ou créer du bonheur, alors, ceux qui planifient la production choisiraient de produire pour ceux dont les besoins de base ne sont pas satisfait. Au lieu de quoi, le système centré sur la profit s’assure qu’il ne fabrique des marchandises que pour ceux qui peuvent les payer et dont les besoins de base sont déjà satisfait. Hormis le fait que ces riches sont dévorés de culpabilité (ou devraient l’être), il est évident qu’un enfant de cinq ans peut comprendre qu’un système basé sur le profit, et non sur les besoins n’est pas une économie juste.
Après avoir vu quelques uns des grands mythes qui soutiennent le capitalisme, il est possible d’envisager, dans les grandes lignes, les principes sur lesquels pourrait reposer une économie du don.
PRINCIPE N° 1 : Économie fédérale
Les communautés locales et les fédérations de communautés seront autonomes en ce qui concerne les formes d’échange utilisée, en vert d’autres principes de base de l’anarcho-syndicalisme que nous allons évoquer. Il n’y aura pas d’état.
PRINCIPE N° 2 : Éviter les écueils du capitalisme
Il n’existera ni mécanisme de profit, ni possibilité de concentration du capital et de la richesse. En d’autres termes, personne ne possédera ou n’emploiera d’autres personnes. Toutes les marchandises et les services seront fournis selon les besoins, et les gros tas d’argent deviendront des gros tas de métal et de papier, sans aucune utilité.
PRINCIPE N° 3 : La démocratie
Ici encore, il faut déjouer les mythes et les utilisation frauduleuses du mot. La démocratie signifie que toutes les organisation et les communautés doivent être dirigées collectivement et contrôlées grâce à la démocratie directe. En démocratie directe, on commence par des assemblée générales. Au travail, tout le monde y est invité et participe également. Au niveau de la rue, du village ou du quartier, c’est la même chose. Quand les entreprises ont besoin de communiquer, par exemple pour planifier leur production, pour l’utilisation des ressources... ou quand les communautés ont besoin de coordination, chaque assemblée générale peut désigner des délégués, des personnes mandatées et révocables à tout moments. En d’autres termes, les délégués ne doivent agir que dans le cadre précis défini par l’assemblée générale et cette dernière peut toujours les révoquer.
PRINCIPE N° 4 : Remettre la propriété à sa place.
La possession d’un bien signifie le droit d’en priver les autres et d’en tirer profit ( puisque, même si vous n’en avez pas besoin, vous continuerez à en exiger le loyer, les intérêts... auprès de ceux qui en ont besoin). Au risque de dénaturer la rhétorique, pourquoi une économie du don ferait elle cela ? Bien sûr, nous aurons tous droit à notre propre espace vital, possessions personnelles et quotidiennes, etc. Les maisons communautaires conviendront à certains, mais d’autres préférerons un logement individuel. Et pourquoi pas ?
PRINCIPE N° 5 : L’autre face de la propriété : Le travail
Tout travail sera volontaire et gratuit. Au même titre que l’économie du don ne peut pas moralement se permettre l’exploitation basée sur la propriété, elle ne peut pas se permettre d’exploiter les gens ( comme c’est le cas dans le travail salarié). Et si les gens refusaient de travailler ? Alors, ils auraient un grief. C’est une question de motivation. A condition que ces griefs puissent se résoudre sur le lieu de travail les gens travailleront. Même le travail peu gratifiant - ces tâches nécessaires à la vie en société que personne ne veut effectuer - ce fait déjà sans rémunération et quotidiennement comme nous venons de le démontrer. Si personne n’a organisé le nettoyage des égouts la communauté organisera des rotations etc. Il n’y a pas besoin de sortir de Polytechnique.
PRINCIPE N° 6 : La planification
Savoir ce qui plaît aux gens, ce dont ils ont besoin aidera les travailleurs à s’organiser pour fabriquer des objets de meilleure qualité et en quantité raisonnable. Il y a de multiples techniques pour recueillir cette information (questionnaires...). entreront également en compte les estimations de ressources, de main d’œuvre et les critères écologiques pour la recherche et la mise sur pied de nouveaux systèmes de production et de nouveaux produits, pour améliorer l’efficacité ainsi que la durabilité et la qualité des produits.
Ceci est à l’opposé de la planification centralisée en Union Soviétique où tout était régi par le ,comité central de Moscou et où tout le monde devait exécuter les ordres. Remarquons qu’outre les problèmes d’évaluation de le demande et la mauvaise gestion, l’union soviétique s’est écroulée à cause des priorités imbéciles de l’état qui ignorait les besoins de base : le pays possédait un arsenal nucléaire mais pas de nourriture.
EN GUISE DE CONCLUSION
A partir des principes, la forme de base de notre économie de don est assez lisible. Une grande partie de notre économie sera plus efficace à l’échelon local (planification locale pour une production et une consommation locales). La planification régionale ou globale sera réservée au modes de production plus complexes dans des unités de production plus importantes, pour résoudre les problèmes de taille des unités de production, d’utilisation rationnelle des ressources et de localisation. L’intégration inter-régionale pourrait se faire sur base de don, de troc ou d’échange. Au niveau du fonctionnement, l’économie du don sera aussi simple que possible. Pourquoi trimbaler des laitues d’un bout du monde à l’autre en modifiant le climat et en augmentant les prix ? Le véritable choix c’est d’avoir une connaissance totale des produits proposés, de leur utilité, de leur durabilité, de leur qualité etc. Actuellement ; on a le choix entre "pas cher mais sans intérêt" ou "d’assez bonne qualité mais trop cher pour moi". Nous pouvons d’entrée éliminer le premier choix. Quand on peut choisir entre une centaine d’ordinateurs différents, combien de gens savent réellement lequel est le meilleur ? Seuls les producteurs le savent. Alors, pourquoi ne pas produire seulement les meilleurs ?
A petite échelle, locale si possible, selon les besoins et non pas pour le profit, l’un dans l’autre, l’économie de don sera aussi efficace que saine. Elle sera gérée localement par la démocratie directe, dans une logique éthique et sera très différente selon les communautés et les régions, dans les limites des principes de base. Le secret est dans ses origines. Commençons par le principe de bas de la solidarité au lieu de l’accumulation maniaque des richesses et de la puissance.
Le mot de la fin est qu’il n’y a pas de point final pour l’économie de don. Ce n’est pas une sorte d’utopie lointaine, statique, étatiquement stable et ennuyeuse. Il faudra s’en occuper sans cesse, discerner les nouveaux besoins, les nouveaux problèmes et les nouvelles opportunités ; elle ne fonctionnera jamais parfaitement. Mais soyons honnête, tout ce qui ressemble peu ou prou à l’économie de don et forcément meilleur que nos rapports de force quotidiens, les morts, les guerres, la spirale de destruction mondiale agencée par le capitalisme et l’état.
En tout cas, le débat est ouvert. A vos plumes.
D’après DIRECT ACTION, organe de la Solidarity Federation-AIT
Traduction : CNT-AIT Paris
Adaptation : Rédaction C.S.