Le poète et linguiste Georges Jean vient de décéder, dans la nuit de dimanche à lundi, à l'âge de 91 ans.
Ancien élève de l'ENS de Saint-Cloud, professeur de sémiologie et linguistique générale à l'Université du Maine, c'est surtout comme poète qu'il demeurera dans nos mémoires.
Né en 1920, ce n'est pourtant qu'en 1969 qu'il publie son premier recueil ; il se voulait l'héritier non seulement du Surréalisme, d'Éluard, de Reverdy ou de Michaux, et resta à l'écart de tout formalisme outrancier.Georges Jean réaffirme la dignité des mots, du langage, et leur valeur de communication et de célébration. Les titres de ses recueils sont parlants : Les mots entre eux, Les Mots de passe, Des mots à la source, A mots couverts, A mots magiques, Les Mots écoutent, et – je ne les cite pas tous – jusqu’aux derniers : Main d’encre, ou Autrement dit. Cette poésie célèbre donc, avant tout… la poésie.
La poésie, disait-il, est faite pour résonner, pour donner un plaisir charnel et musical.
Avec Michèle Lévy, il avait inventé une forme unique de recueil à deux voix : Miroirs, puis Répons offrent un "dialogue poétique" que la mort vient d'interrompre.
Son dernier recueil, paru en 2010, Des Mots pour elle (Éditions du Cherche-Midi) rendait hommage à sa femme disparue. Il reposera près d'elle au cimetière Sainte-Croix du Mans.
Voici ce qu'il écrivait dans son tout premier recueil :
« L’itinéraire poétique est un chemin tracé par les Hommes pour reconnaître les espaces réels, pour mesurer la vie et la mort réelles, pour faire le tour de toutes les dimensions réelles, de l’air, de l’eau, de la terre et du feu, et des cellules conjointes dans les feuilles et la chair translucide des naissances.
Comme le fer arme le béton des villes de demain,
La Poésie que nous voulons durcit la molle et fragile tendresse, de nos cris, de nos amours, des souffles qui parcourent les sensibilités inouïes et jamais vues des dimensions intérieures. [...] »