Billet du «Point» : Eva Joly dénonce une «attaque raciste»
L'éditorialiste Patrick Besson a raillé dans «Le Point» l’accent de la candidate EE-LV à la présidentielle, Eva Joly, provoquant des réactions indignées.
Je m'inquiétais,dans un mail précédent, du choix d'une juge (et quelle juge!!) comme candidate d'EELV à la présidence. J'y développais l'idée que l'exigence de justice, s'accompagnant d'une
pulsion punitive envers lescorrompus (ce que l'écrivain Muray appelait "envie de pénal") tel qu'il s'incarnait dans la figure d'Eva Joly, me faisait penser à un remake soft de la Vertu façon
Robespierre et de son bras armé, la Terreur. Certains ont dû penser que j'exagérais encore, en voyant poindre le totalitarisme partout, y compris chez les gentils verts et Mélanchonistes, qui
nous promettent que cette fois, c'est juré, promis, leurs antécédents libertairespour les premiers, trotskystes pour les seconds, nous prémunissent contre les tendances liberticides de leurs
prédecesseurs léninistes et staliniens.
L'actualité récente, j'en ai bien peur, me donne un peu raison. Ce n'est passeulement la sémillante Eva qui prononce des sentences terribles du haut de son piedestal de "Kommandeuse" des vertueux à l'encontre de PatrickBesson, qui a osé commettre un billet se moquant de l'accent de la candidate écologiste, mais Cécile Dufflot, Mamère et tout l'appareil des verts qui décrètent que le billet de Patrick Besson (pas Eric) est raciste. Carrément !!! Comme si cela ne suffisait pas, SOS racisme, Mélanchon (qui a commis unlivre intitulé "Qu'ils s'en aillent tous"... tout un programme qui fleure bon son Poujadisme !!!) et le front de gauche emboitent le pas...
Mais chers accusateurs, si le billet en question est de nature raciste, que ne portez-vous plainte ? Eva - qui ne porte pas plainte non plus - devrait pourtant vous aider à le faire, elle qui connaît si bien la loi, qui a même été choisie pour "purifier" la vie politique de toute scorie "réactionnaire".
Ou bien votre réticence à avoir recours à la justice vient-elle du fait que l'on pourrait vous reprocher, lors du procès, une indignation sélective lorsque la caricature des accents, les défauts d'élocution ou physique de personnagesqui ne sont pas de votre camp, sont moqués en permanence ?
En effet, la vigilance républicaine des tenants de lanouvelle vertu (l'empire du bien disait Muray) à l'encontre de quiconque ose faire de l'humour envers les communautés ou ose se moquer des travers des hommes et femmes politiques s'applique-t-elle à tous également?
Il semblerait que non, car je n'ai pas souvenir de protestations émanant des verts ou de Mélanchon lorsque le président est traité de nain, lorsque l'acccent méridional de Gaudin est imité, ou lorsque Rachida Daty fait des lapsus libidineux révélateurs (fellation pour inflation..). On peut même ricaner sur le physique "de fouine" de Zemmour sans que personne chez les verts ou au Front de Gauche, à ma connaissance, ne s'émeuve publiquement de la tonalité antisémite de la comparaison. Normal, c'est un "réac". Il l'avait bien mérité n'est-ce pas ? N'avait-il pas été condamné pour "incitation à la haine raciale" (rien que ça !!) pour avoir fait remarquer que la plupart des dealers des cités étaient noirs ou arabes.....(Voir à ce sujet l'article mis en ligne sur ce blog).
De la même manière, toute blague faite au second (voire au quinzième) degré par un homme politique au sujet des minorités "visibles", qu'elle émane d'un Ministre de l'intérieur ou d'un d'un homme de gauche (Walls) peut valoir à l'impétrant au mieux, le qualificatif de "raciste", au pire une condamnation pour incitation à la haine raciale, ceci, même lorsque ladite blague, dans l'esprit de celui qui la fait, vise à déconstruire les stéréotypesraciaux ou communautaires . Que ceux qui n'ont jamais ri de la blague de Coluche feignant de s'émouvoir que "nos Arabes viennent manger lapain de nos Portugais" jettent la première pierre..
Notons d'ailleurs, pour faire bonne mesure et éviter les accusations de sympathies droitières qui ne manqueront pas de m'être adressées par ceux recevant cet article, que la droite, de son côté, ne se prive pas de traiter de "Germanophobe" quiconque ose faire un bon mot aux dépens d'Angela Merkel et de la rigueur germanique.
Je risque sans doute l'opprobre en prenant la défense de Patrick Besson et en réclamant le droit de déconner sans être immédiatement considéré comme un suppôt de l'extrême droite, mais tant pis, il se trouve que le billet de Besson (Patrick, pas Eric) me fait rire.
Afin de replacer ce texte dans son contexte historique et littéraire, il n'est pas inutile, d'ailleurs, de rappeler que Besson fait implicitement référence, en commettant cette petite parodie bien inoffensive, au Cousin Pons, roman de Balzac. L'écrivain fait parler systématiquement Shmücke, l'ami du personnage principal, en transcrivant phonétiquement son accent alsacien. Il procède de cette manière, non pour le ridiculiser,mais au contraire par empathie et tendresse envers ce héros positif dans la galerie de portraits balzacienne :
Extrait du Cousin Pons de Balzac : « Che le sais...mais sonchez Que l'on en juge par cet extrait dans lequel l'auteur fait parler systématiquement le compagnon du cousin avec un fort accent alsacien (que che zuis zeul sur la derre, sans ein ami. Fous qui afez bleuréBons, églairez-moi, che zuis tans eine nouitte brovonte, ed Bons m'a tit quej'édais enduré te goguins... »
On trouvera enfin, ci-dessous, un extrait du billet de patrick Besson, publié dans le Point.
Les lecteursde cet article compareront les deux textes et jugeront s'il y avait lieu de faire tout un fromage médiatique à ce sujet.
Je me demande en effet si SOS racisme, EELV et sa candidate, le Front de Gauche ne se ridiculisent et n'ont pas recours à des invectives de type stalinoïde en proférant à tout bout de champ des accusations de racisme envers tous ceux qui, tout en n'étant pasde leur bord politique, n'en sont pas moins des démocrates, tout comme eux prétendent l'être.
Pour convaincre les esprits chagrins et vigilants comme moi envers les résurgences toujours possibles des deux grands totalitarismes du vingtième siècle, que les"antiracistes" post-modernes sont plus démocrates que ceux qu'ils accusent des pires vilénies crypto-facistes, il faudrait qu'ils cessent de faire de faux procès d'intention, rappelant (sur le mode burlesque cette fois ilest vrai, l'Histoire ne se répétant jamais selon les mêmes modalités..) les pires heures des procès de Moscou et de Prague...
Cette façon de procéder me rappelle également les modalités employés par les sbires de Big brother dans le roman d'Orwell, 1984.
Dans le livre, tout comme dans un un passé bien réel, on "vaporise" les opposants" en les éliminant et en les faisant disparaître des images et de tout discours. Mais avant cela, leur disparition physique et symbolique est précédée d'une campagne de diffamation, leur attribuant toutes les trahisons et turpitudes politiques possibles. Ce faisant, le seul fait de les qualifier de "fasciste", de "social traitre", les rend infréquentables, les exclut du champ des interlocuteurspossibles. Ils deviennent des "intouchables". Il ne reste plus ensuite qu'à les supprimer réellement.
L'accusation de "racisme" a aujourdhui la même fonction de mise à l'écart, toute proportion gardée, que celle "d'ennemi objectif de la clase ouvrière" ou "d'espion à la solde des puissances impérialistes" jouait dans l'URSS de Staline.
En démocratie, c'est beaucoup plus compliqué, heureusement ! On n'élimine pas ceux qui se sont rendus coupables de non conformité à la "novlangue" post moderne, mais une fois que l'on a été traité de raciste ou que le soupçon de flirt avec l'extrême droite est répété à l'envi par "l'empire du bien", on devient pestiféré, le soupçon devient vérité "objective". Si l'on ose prendre la défense des contrevenants et prétendre qu'ils ne sont pas racistes, on devient aussi infréquentable qu'eux.
Le tour est joué. On préfère se taire dans la majorité des cas, laissant les "justes" désigner quels sont les bons et les méchants.
Extrait du billet de Patrick Besson, dans le Point . Le clin d'oeil à Balzac est évident, mais, de toute évidence, certains accusateurs n'en avaient pas été informés... :
Zalut la Vranze ! Auchourt'hui est un krand chour : fous m'afez éluebrézidente te la République vranzaise. Envin un acde intellichent te ce beublequi a vait dant de pêdises tans son hisdoire, sans barler éfitemment te doudesles vois où il a bollué l'admosphère montiale afec tes essais nugléaires, maisauzi les lokomodives à fapeur, les hauts vournaux, les incenties de vorêt, lesparbekues kanzérichênes tans les chartins te panlieue, chen basse et tesmeilleures, che feux tire tes bires, tes peilleures c'édait te l'humour, parzequ'il ne vaut bas groire que l'humour z'est rézerfé aux Vranzais te souche.Donc, à la zuite te l'accitent d'afion où a béri le candidat UMB, te l'accitentte foidure où a béri le candidat BS, te l'accident d'audocar où ont béri leszept candidats zentristes, de l'accitent d'ascenzeur où a béri la candidate duFN en fizidant une zidé tifficile tu nord te Baris et te l'attaque cartiaquequi a mis un derme aux chours du candidat Vront de cauche lors d'une réuniongandradictoire afec Kristine Poudin, che me redrouve zeule en dête du bremierdour puisque la zeule touchour fifante. Che sais, zertains esbrits gomme cebeuble déchénéré n'en mangue bas, hélas - les Scandinaces, c'est audre chose,c'est moi gui fous le tis - medront en afant le garactère imbrombtu te monarrifée au boufoir, n'embêche que zelle-ci est gonblaitement légale etgonstitutionnelle, chai vérifié tans le gode cifil. Che n'héziderai bas à vousmèdre en examen et égrouer doute intifitu qui s'élèfera gontre la falitité duscrudin hisdorique te mai 2012. Gue cela zoit pien glair endre nous, Mestameset Messieurs les diskutailleurs xénophobes et bollueurs tont le bays ne feutplus, ainsi qu'il l'a mondré lors te cette élection."