Une grève est une grève. C'est un droit prévu dans les pays libres, interdit dans les dictatures, et c'est justement un des éléments qui font la différence entre les deux. Alors, pour parler du mouvement de grève des personnels de contrôle qui gène le fonctionnement de nos aéroports, il faudrait prendre un peu plus de recul que monsieur Guéant et les quelques voix droitières qui résonnent dans son sillage.
D'abord, il faut savoir que la sécurité à l'embarquement, dès lors qu'elle s'est avérée nécessaire dans les années 70, était assurée par les forces de l'ordre, la police des frontières, et autres unités compétentes. Ce n'est que très récemment que ces services ont été privatisés, offerts sur un plateau aux copains du Fouquet's, et les décideurs d'un tel accord doivent bien savoir qu'ils ne peuvent pas, en l’occurrence, cumuler les avantages d'un service militaire et du salariat privé. A moins que Bachar El Hassad ait été leur conseiller dans ce deal, passer dans le privé, ça signifie, indissociablement, aider les copains à se remplir les poches, mais aussi se soumettre aux règles du privé.
Alors les exhortations de monsieur Guéant et de ses affidés démontrent plusieurs choses :
Ensuite, qu'il gouverne à vue et sans réfléchir, attendu que c'est bien son courant politique qui a livré au privé un service qui était auparavant assuré sans histoire par les forces de l'ordre.
Encore qu'il n'a rien à foutre des états d'âme des braves gens, en oubliant que les policiers et les gendarmes sont eux aussi, des citoyens qui répugnent à s'attaquer au droit de grève des autres, comme le précise leurs syndicats.
Encore encore qu'on n'obtient plus rien dans ce pays sans bloquer quelque chose et manifester fortement.
Et enfin que s'il restait bien son dans rôle de gardien de la constitution et de la république, il ne permettrait pas à ses ministres de s'attaquer à des droits aussi fondamentaux que le droit de grève.