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"There Will Be Blood" : un sommet d'hystérie et de démesure

Par Buzzline
 Pitch : Lorsque Daniel Plainview entend parler d'une petite ville de Californie où l'on dit qu'un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d'aller tenter sa chance et part avec son fils H.W. à Little Boston. Dans cet endroit perdu où chacun lutte pour survivre et où l'unique distraction est l'église animée par le charismatique prêtre Eli Sunday, Plainview et son fils voient le sort leur sourire. Même si le pétrole comble leurs attentes et fait leur fortune, plus rien ne sera comme avant : les tensions s'intensifient, les conflits éclatent et les valeurs humaines comme l'amour, l'espoir, le sens de la communauté, les croyances, l'ambition et même les liens entre père et fils sont mis en péril par la corruption, la trahison... Et le pétrole...   Notre avis : Un véritable chef-d'oeuvre offert par P.T. Anderson. Un film monumental, immense, détaillé, où la fureur et le pouvoir traversent les fondements de l'Amérique. Reposant sur des thématiques riches, une interprétation sidérante et une mise en scène démesurée, There Will Be Blood tient de la perfection et de la virtuosité...

Après le très bon Boogie Nights, l'exceptionnel Magnolia et le décalé Punch Drunk Love, Paul Thomas Anderson revient avec son quatrième film. Résultat ? Un chef-d'oeuvre.

Portait d'un magnat du pétrole, arriviste et grand mégalo... d'un duel entre deux puissances (capitalisme et religion) mais aussi d'une Amérique en pleine fondation, There Will Be Blood monte en puissance pendant 2h40 pour exploser dans une furieuse apothéose jubilatoire. Tout en émotion contenue et en non dits, le film d'Anderson avance à petits pas, survolé par l'ombre du gigantisme. 

S'ouvrant sur 15 minutes sans dialogue, un profond vide sensoriel débouchant sur une signification prenante, le film se finit aux antipodes dans un déchaînement de violence (cf. le titre) sidérant. Grande fresque nourrie aux grands espaces et personnages démesurés, There Will Be Blood est avant tout la vie d'un homme reflétant l'évolution de son pays. Un homme qui commence seul, tel un self made man arriviste, pour finir... seul, après avoir basculé dans la folie.

On sent l'influence de Terrence Malick pour l'énergie sensorielle des décors et des longs plans contemplatifs, celle de John Huston ou bien encore John Ford, pour le western calme et la violence contenue. On pense également à Stanley Kubrick pour la grande démesure de la dernière demi-heure et le rebondissement final.

P.T. Anderson sait ce qu'il fait, et le fait bien. Au travers d'un duel sans merci (Daniel / Eli), le réalisateur multiplie les arcs narratifs pour offrir une richesse foudroyante : relation père / fils, le pouvoir, la croyance, l'Histoire avec un grand H, la dualité. Aidée par une photographie somptueuse pour ne pas dire hypnotique, la réalisation s'offre le luxe de briller sur tous les plans. Un sceau qualitatif indéniable et presque intouchable. Les longs travellings, la caméra contemplative et virtuose... tout est mis au service de l'histoire avec une infinie beauté.

Dominé par la bande original dissonante, inquiétant et frissonnante de Jonny Greenwood (le guitariste de Radiohead), le film prend des allures d'étrange menace à la fois peu réconfortante mais aussi attirante. Impossible de nier que les premières notes sont à tomber, tout comme les dernières.

Lyrique, baroque et démesuré, le film tend à titiller le grand guignol inquiétant à plusieurs reprises. Cet affrontement entre Eli le jeune homme de foi pas si bien intentionné et Daniel, magnat avide de réussite, frôle la démence. On est tenté de sourire mais non sans être terrorisé l'instant d'après par les regards féroces que les deux hommes se lancent.

Si Paul Dano surprend par une maturité désarmante et une hypocrisie latente maîtrisée, c'est bel et bien Daniel Day-Lewis qui porte le film et qui s'impose au delà de l'imaginable. Sa prestation est la démesure du film. Rageur, sidérant, éblouissant, tonitruant, inquiétant, terrifiant, antipathique... tout y passe, jusqu'à l'accent du Texan et sa folie finale. Une dernière scène magistrale en guise de sortie pour finir un film sur la folie humaine : sa performance est à s'en décrocher la mâchoire tellement la puissance du choc met KO. La frénésie sidérante des 30 dernières minutes est exemplaire.

Un Oscar du meilleur acteur amplement mérité pour un acteur en or : c'est simple on ne le reconnaît pas. On est juste ébahit. 

There Will Be Blood est d'une perfection totale. Une oeuvre massive, belle, terrifiante, importante. Un portrait saisissant et d'une richesse infinie pour un personnage énigmatique oscillant entre l'ordure et le modèle.

There Will Be Blood est juste un chef-d'oeuvre absolu, véritable brûlot politique comme un drame humain et social. Un film puissant, beau, sanguin et qui se vit comme une expérience unique.

There Will Be Blood ne se raconte pas, ne se détaille pas, et, à la limite, ne se critique même pas. Il se visionne, se vit, se comprend, se sent et s'admire.

L'Oscar du meilleur film n'est vraiment pas passé loin. On aurait préféré le voir remporter la statuette suprême afin d'épauler le sacre de Day-Lewis mais les Coen méritaient également le prix. Peu importe... il a gagné l'Oscar du chef-d'oeuvre intemporel et c'est déjà bien. 

  

    

Pourquoi y aller ? 

Pour Daniel Day-Lewis. Pour la mise en scène. Pour la thématique. Pour l'accident sur le Derrick qui finit par flamber et causer le tournant du film. Pour la bande originale étrange et envoûtante. Pour le final démentiel et historique. Pour Daniel Day-Lewis. Pour la richesse des analyses énigmatiques qui n'ont pas fini de faire parler. Pour Daniel Day-Lewis... on l'a déjà dit ? Pas grave!

Ce qui peut freiner ?

Je ne vois pas de quoi vous voulez parler !

 

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