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"Le Havre" : conte politique stylisé

Par Vierasouto


Pitch.
Un ex-écrivain bohème, exilé au Havre où il exerce la profession de cireur de chaussures, est amené à cacher un adolescent dont la famille vient d'être arrêtée avec un camion d'immigrés clandestins.

Deux cireurs de chaussures au Havre, Chang, travailleur sans papiers depuis douze ans, et Marcel Marx, ancien écrivain, bohème patenté dont l'épouse, Arletty, très malade, épargne son irresponsable de mari en minimisant les choses. Hospitalisée, Arletty obtient du médecin qu'il ne dise pas à Marcel qu'elle est condamnée. Marcel ne gagnant pas grand chose de ce nouveau métier, les commerçants du quartier dont la boulangère, lui font crédit plus ou moins volontiers. Un jour, la police du Havre arrête un camion d'immigrés clandestins africains, un gamin réussit à fuir et se cacher. Comme dans "Welcome" mais dans un ton radicalement opposé, Marcel, perdu sans sa femme, va recueillir Idrissa, l'adolescent, le dissimuler à la police et réunir l'argent pour essayer de le faire passer à Londres. Pour cela, il convainc la chanteur Little Bob de donner un concert (superbe BO). 

photo Pyramide
Parmi les personnages hyperstylisés s'exprimant de manière distanciée, le commissaire de police Monet est interprété par Jean-Pierre Darroussin qui réussit toujours à faire passer un naturel extraordinaire même dans des rôles de composition, ici, pardessus et chapeau noir, physionomie rigide. Les lieux de prédilection de Marcel sont toujours les mêmes : le bistrot, la boulangerie, l'épicerie, décors de cinéma colorés et montrés comme tels par le réalisateur.

L'univers de Kaurismäki est inchangé, personnages, costumes et décors très stylisés, dialogues surécrits, très châtiés (des subjonctifs), humour et décalage, composition raffinée des plans. Mais ici, malgré un sujet d'actualité difficile, l'immigration clandestine, le propos est paradoxalement optimiste, un conte politique traité de manière non réaliste, un récit pavé de bons sentiments. On est content de retrouver Jean-Pierre Léaud dans un petit rôle de collabo, lui qui avait le rôle principal dans un des premiers films de Kaurismäki distribué en France "J'ai engagé un tueur" (1990), sans doute l'acteur dont le jeu colle le mieux à son univers. 
{Ma Note 4}}



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