Le Guide Social Media vous propose un dossier spécial Effet Streisand, voici le premier billet de la série !
Il était une fois CarrierIQ, une société américaine d’analyses de réseaux et terminaux mobiles. Très bien implantée aux Etats-Unis – elle travaille entre autres pour deux des plus grands opérateurs américains, Verizon et Sprint – CarrierIQ s’est fait un nom avec ses logiciels de diagnostics de plantages de téléphones mobiles.
En bref, quand votre smartphone arrête de fonctionner, le logiciel vous en demande la raison et transmet des rapports de plantage à votre opérateur.
En sept ans, les solutions de la startup californienne équipent plus de cent quarante millions de terminaux.
Mais comme nous l’avons annoncé, l’histoire finit mal. Un peu comme une tragédie grecque, notre héros se détruit et attire l’ire des dieux en pêchant d’orgueil.
Avant de détailler la chute de CarrierIQ, revenons au début : à l’anecdote qui donna son nom à l’effet Streisand.
No pictures, please !
2003. Tout commence avec Kenneth Adelman, photographe professionnel. Il prend des photos aériennes du rivage de Malibu pour une obscure administration américaine qui établit des relevés d’érosion des côtes. Sur l’une des photos, publiée dans les archives du site de l’organisme, se glisse une sublime baraque de star : celle de Barbra Streisand.
A peine le cliché publié sur le site du très confidentiel California Coastal Records Project, l’hébergeur du site, l’hébergeur de la photo et le photographe reçoivent une lettre d’avocat les enjoignant à en cesser toute diffusion sous peine de poursuites.
Et là, pour Barbara, c’est la catastrophe. Les assignés ne se contentent pas de refuser, ils publient le contenu de la lettre, contactent médias, blogueurs et associations de protection du droit d’expression. En un mois, quatre cent vingt mille internautes visitent le site et visionnent la photo. Streisand et ses avocats s’entêtent. Un procès est lancé. La nouvelle fait boule de neige : des centaines de milliers de sites illustrent leurs articles et billets d’humeur avec… la photo de la maison Streisand. Et rebelote quand Barbra perd son procès. Alors que tout le monde avait oublié l’histoire – le temps passe très vite sur Internet – on remange de la baraque à tous les repas.
Quand tout est terminé, plus de deux millions d’images de la maison sont sur la toile.
Voilà, en quelques mots, le redoutable effet Streisand : en empêchant la publication d’un contenu sur Internet, l’ayant droit ou la personne qui se juge diffamée ne fait qu’enfler la polémique, détruire sa réputation et, au final, perdre de l’argent. Beaucoup, beaucoup d’argent pour certains, comme CarrierIQ, qui suite à plusieurs erreurs graves – nous y reviendrons – décroche la palme de la plus belle gamelle sur Internet.
Et une infographie pour résumer le tout :
Qu’est-ce que l’effet Streisand ? is a post from: Guide Social Media