Alors qu'en France, l'affaire des prothèses PIP mobilise médecins, patientes et institutions sanitaires depuis maintenant plusieurs mois, la Direction générale de la Santé devrait très bientôt demander le retrait (ou explantation) des prothèses PIP pour l'ensemble des femmes porteuses de ces implants. Une décision qui aurait été confirmée par la Ministre Valérie Pécresse, interrogée sur LCI. Mais toutes ces femmes savent-elles seulement qu'elles portent des implants PIP ? Et les médecins seront-ils en mesure de joindre leurs patientes ? Une décision difficile à appliquer en raison de l'absence de traçabilité. Et les autres implants, sont-ils exempts de tout risque?
Jusqu'à ce jour, et par ses toutes dernières recommandations du 8 décembre dernier, l'Afssaps ne recommande pas le retrait systématique des implants PIP suggérant seulement aux patientes porteuses de prothèses PIP de passer systématiquement un examen clinique et les examens radiologiques appropriés. En revanche, l'Agence conseillait d'opter immédiatement pour l'explantation des 2 prothèses, en cas de rupture, suspicion de rupture ou de suintement d'une prothèse, elle suggère d'envisager cette explantation hors de tout signe clinique de détérioration de l'implant, à titre préventif. La décision de recommander l'explantation systématique devrait donc être officielle dans les tout prochains jours .
Le retrait des prothèses PIP est-il suffisant ? La répartition des effets indésirables n'existant pas par type d'implants ou par marque ou sur une toute petite partie seulement des cas rapportés. En particulier sur les cas de lymphomes, il n'est pas possible, selon la FDA de les attribuer à tel ou tel type d'implants. Bref, il est à ce stade, impossible d'y voir clair. Enfin, les études d'innocuité menées par les fabricants eux-mêmes sur les implants mammaires portent sur de courtes durées, avec abandon de 50% environ des participantes en cours d'étude… Les résultats restent difficiles à consolider. La question qui se pose est donc : Le retrait des prothèses PIP est-il suffisant ?
Enlever ses implants et après ? A ce jour, depuis la suspension des « PIP », fin mars dernier, seules un peu plus de 500 prothèses auraient été retirées pour environ 30.000 femmes porteuses de d'implants de la société Poly Implant Prothèse (PIP).
Toutes les femmes porteuses d'implants PIP seront remboursées de leurs frais médicaux et chirurgicaux liés à l'explantation de leurs prothèses et l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) interviendra bien en cas de préjudice, mais seulement pour les femmes ayant eu une reconstruction mammaire après mastectomie pour cancer. Seules les femmes ayant eu une reconstruction mammaire après chirurgie du cancer du sein seront remboursées de la pose d'une nouvelle prothèse. En revanche, les femmes ayant reçu des prothèses PIP à visée esthétique soit 80% des femmes porteuses de ces implants en France ne bénéficient donc pas, jusqu'à nouvel ordre, de prise en charge pour leurs nouvelles prothèses.
Les patientes vont-elles pouvoir être contactées ? Il y a 5 jours, la DGS avait déjà, par instruction destinée aux Agences régionales de santé, demandé aux médecins de bien vouloir contacter toutes leurs patientes porteuses des implants PIP, afin de mettre en œuvre les recommandations de l'Afssaps. Reste qu'il ne sera pas aisé pour l'ensemble des patientes ignorant encore pour beaucoup d'entre elles qu'elles portent des implants PIP de joindre leur chirurgien durant les Fêtes. La procédure ne sera pas non plus toujours aisée pour les médecins qui devront joindre leurs patientes. Plusieurs pays ont rendu obligatoire la tenue d'un registre national des implants, la Suède, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, l'Angleterre, l'Allemagne, la Finlande, la Slovaquie, le Danemark et le Canada. De tels registres sont extrêmement précieux pour l'ensemble des institutions et fabricants responsables de la sécurité de ces dispositifs et permettent une traçabilité en cas d'effets indésirables. Des sénateurs américains en font actuellement la demande aux Etats-Unis. Alors pourquoi pas en France ?
Selon Europe 1, le groupe de travail de l'Institut national du cancer doit se réunir le 23 décembre pour décider des modalités de retrait de ces prothèses.
Sources:Afssaps
et, pour plus d'infos, FDA « Anaplastic Large Cell Lymphoma (ALCL) », Report all confirmed cases of ALCL in women with breast implants to the FDA, Blood 2008 Jun 15;111(12):5496-504 ALK- anaplastic large-cell lymphoma is clinically and immunophenotypically different from both ALK+ ALCL and peripheral T-cell lymphoma, not otherwise specified: report from the International Peripheral T-Cell Lymphoma Project.
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