Mort à la démocratie de Léon de Mattis

Par Eparsa
La démocratie, pourtant, a surtout fait jusqu’à présent la preuve de son échec. Le monde qu’elle domine est toujours un monde de soumission, de privations et de pauvreté. Le droit de vote est censé assumer à lui seul l’ expression de la volonté populaire : mais croit-on encore que quoi que ce soit puisse changer grâce à des élections ?
À la dénonciation réactionnaire de la « pensée 68 », « Mort à la démocratie » répond en associant une inscription murale du dernier mouvement contre le CPE au fameux slogan de Mai : « Élections, piège à cons. » La critique serrée et argumentée des différents modes de scrutin, des campagnes en faveur de l’inscription sur les listes électorales aux fondements théoriques mêmes de la démocratie – comme la fiction du « contrat social » – apparaîtra aux yeux des défenseurs de l’ordre et de la loi comme un véritable scandale : mais c’est la vérité qui est toujours scandaleuse.
Extrait:
« Le vote n’est pas une manière de s’exprimer. Le vote n’est pas une manière de donner son opinion. Le vote est, par excellence, le moyen de faire fermer sa gueule à ceux qui ont des choses à dire.... Il faut donc être clair : cette majorité qui se serait affirmée dans les élections n’a en réalité jamais eu droit à la parole. On ne lui a pas laissé le choix d’avoir le choix. »
« Les abstentionnistes ne sont pas des abrutis dépourvus de sens critique. Les abstentionnistes ne sont pas des égoïstes qui se désintéressent de tout de qui ne se rapporte pas à leur petit horizon individuel. Les abstentionnistes sont ceux qui font du processus électoral l’analyse la plus juste. Considérer que voter ne sert à rien est tout simplement une évidence : mais c’est une évidence à laquelle on est d’autant plus sensible qu’on est quotidiennement écrasé par ce monde et qu’on ne possède pas d’autre perspective que de végéter dans la misère ou de se faire exploiter à longueur de journée. Ceux qui, au contraire, parviennent à se ménager une petite vie acceptable, ou qu’ils considèrent comme telle, auront davantage intérêt à faire comme s’ils croyaient encore au simulacre du vote, tout en sachant, au fond d’eux-mêmes, très bien à quoi s’en tenir. »
Auteur: Léon de Mattis - Editeur: L'altiplano - Acheter ici