Ils ne sont pas "encartés" (et sont d'ailleurs dans le second livre plutôt hostiles au parti"Vert" français).Ils sont polytechniciens, ont un cabinet de conseil en "stratégie carbone", Carbone 4 (dont ils ne font pas la pub dans le livre), et sont proches de la fondation Nicolas Hulot.
Pourquoi leurs livres me scotchent ? Parce qu'ils ont des idées qui décapent et qu'ils les étayent sans langue de bois, à coup de chiffres, d'observations, de sources et de recoupements. Bref, ils savent très bien de quoi ils parlent (et là où ils veulent nous emmener). C'est un livre de nos élites politiques se devraient de lire, je crois.
A noter, le livre qui date de 2008-2009, explique que dans 3 ans, il sera trop tard pour éviter une catastrophe climatique. Hum...
TeasingJ'ai noté quelques idées fortes de "C'est maintenant" ci-dessous, sans retraitement ou jugement de ma part, mais cela ne vaut pas une lecture du livre, qui par son style, décape, voyez plutôt :
Image via Wikipedia
"Les émissions de CO2 mondiales doivent commencer à baisser dans les 10 ans qui viennent pour éviter un retour au Moyen Âge pour nos petits-enfants. De ce fait, nous avons 20 ans pour abandonner la totalité des centrales à charbon de la planète, un bon millier, ou les équiper d'un dispositif de capture et de séquestration, ce qui en pratique va aussi consister à en reconstruire un bon paquet. Nos villes sont partiellement à démolir et il faut remettre 20 % la force de travail à la campagne."Production d'énergie
- La production mondiale de pétrole plafonnera à 90-100 millions de barils par jour en 2015, la demande sera de 120 en 2030.
- Iran et Russie : La moitié des réserves de gaz.
- Le charbon fourni 40 % de l'électricité mondiale.
Système économique
- Ce qui est nouveau n'est pas le capitalisme mais le court terme imposé par les marchés financiers.
- L'ennemi n'est pas le capitalisme, c'est le rythme auquel s’échange le capital et les horizons de temps de ses détenteurs.
- C'est aussi les dettes souveraines qui augmentent la vitesse de rotation des actifs et engendre plus de court-termisme et s'écroulent s'il n'y a pas de croissance
- La privatisation des infrastructures, des transports et utilities conduit a la duplication des investissements, ce qui booste le PIB, mais qui sur le long terme est néfaste pour la planète.
- L'argent n'achète pas des biens naturels, gratuits, l'argent n'achète que le travail des hommes. On achète pas du poisson on achète le salaire de la chaîne de pêche.
- Le PIB ne compte que les revenus des hommes qui assurent sur la transformation de ressources naturelles. Les ressources naturelles sont supposées gratuites et rien dans notre comptabilité publique nous alerte sur l'atteinte de la zone de non-renouvellement.
- Ameliorer la productivité crée du chômage. Pour résorber le chômage il faut de la croissance donc produire plus, en augmentant la pression sur les ressources naturelles.
- Aucun parti ne met l'énergie et les flux physiques au centre des activités humaines. Ils sont tous focalisés sur les coquillages (= l'argent, lire le livre pour comprendre).
- Aucuns ne voient d'autres problèmes à traiter qu'une plus juste répartition de revenus croissants
- Les partis politiques ne prennent pas en compte les limites physiques du monde en promettant de croissance infinie.
Les mesures à prendre
Le PIB doit changer. Il doit être retranché des impacts négatifs sur l'environnement (déforestation, CO2 libéré, etc.). Un nouvel indicateur apparaitra : il mesurera la richesse naturelle de chaque pays.
Un vice 1er ministre "environnement" doit être créé et des conseillers techniques environnement noméms partout ( ministères et Directions Générales)
Image by CharlesFred via Flickr
.On doit adopter en France et en Europe une stratégie à 30 ou 40 ans sur l'énergie avec un volet sur la demande un volet sur l'offre.
Le volet sur la demande : "on va devoir se faire à l'idée d'être plus heureux avec moins"
Ce que nous appelons besoin sont en fait un mélange de vrai besoins (respirer, se déplacer, manger, dormir, communiquer, trouver une identité dans un groupe) et de désirs (ne pas trop travailler, avoir une formation, avoir une voiture, avoir un logement confortable, un téléphone portable, aller au cinéma, envoyer ses enfants à l'université). Les vrais besoins ne sont pas négociables mais ils ne sont à l'origine que de 10 % de la consommation humaine.
La médecine et l'hygiène minimale permettent d' avoir une espérance de vie à la naissance de plus de 70 ans et peuvent se satisfaire avec 10 ou 20 % des flux physiques que nous investissons aujourd'hui dans la santé. Cela ne permet probablement plus de sauver tous les individus qui sont malades quelques soient leur âge et leur maladie mais la grande majorité oui. La prévention est de toute façon énergétiquement bien plus efficace pour sauver des vies de manière globale.
Pour réduire la consommation matérielle il y a deux voies : limiter les quantités (interdictions, normalisations, quotas) ou bien limiter en faisant payer (taxes, tarifs modulés, etc.). Le prix actuellement artificiellement bas de l'énergie n'est pas une solution.
Si l'on veut faire baisser la demande, il faut souvent investir. L'État pourrait jouer un rôle dans cet investissement en le faisant pour les ménages par exemple (en finançant l'isolation des maisons). Il est considéré jusqu'à présent que son domaine d'intervention était dans l'augmentation de l'offre. Il est urgent qu'il intervient désormais dans le financement, éventuellement massif, de la baisse de la demande.
Le volet sur l'offre : moins
L'offre énergétique c'est en gros : Électricité, chaleur, mobilité.Mobilité : Viser les économies avant tout. Supprimer une partie des transports, et rendre plus léger, plus lent et moins puissant ce qui reste. Cela passe par une normalisation des constructeurs et une hausse programmée du prix des carburants routiers via la taxe carbone. Le commerceinternational sera grandement calmé à cause des coûts de transports forts.Chauffage : Chez les particuliers, gaz et fioul sont à remplacer par des renouvelables (du bois, de la géothermie et du soleil) et un peu d'électricité (il faudra attendre encore longtemps pour une contribution significative du photovoltaïque). Mais surtout, de gros travaux sont à prévoir un pour isoler et reconstruire les habitations. Ceci rendra le transfert vers les renouvelables plus aisé.Electricité : le plus gros potentiel d'économies de CO2 avant 30 ans réside dans la capture et la séquestration dans les centrales à charbon existantes, le déploiement du nucléaire là où il ne pose pas de problème de mise en oeuvre, et l'hydraulique. Pas d'éolien dans le programme à cause de son coût trop élevé.
Taxes : Au niveau des Etats, la mère de toutes les mesures est de basculer la fiscalité ( sous forme de pseudo TVA transparente aux frontières) du travail vers les ressources en général, et l'énergie en particulier, puisque cette dernière commande la force de transformation des ressources par les hommes.Augmenter la fiscalité sur l'énergie est une forme de prime de chance.
Mode de vie : ville vs campagnePS: La ville est souvent synonyme de tertiaire. Or, derrière le tertiaire il y a souvent des flux physiques. (cf. le téléphone derrière lequel il y a des câbles, des répartiteurs, etc.).
- La tertiairisation de l'économie est la marque des sociétés énergivores.
- La vie en ville augmente le PIB à consommation matérielle constante car tout ce que nous consommons n'est pas produit sur place (nourriture), les loisirs gratuits n'existent pas, le bois ou le sechage au soleil non plus. En plus la ville nécessite plus de transport de marchandises, favorise les échanges commerciaux et incite à consommer (mode). La ville nécessite moins de chauffage et moins de déplacement quotidien.
- Pour être tenable, la vie humaine devra s'organiser en petites villes consommant des produits locaux en priorité. Fini les banlieues pavillonnaires, il y aura de toute façon moins de travail en ville.
- La société où tout le monde travaille dans des bureaux est terminée, les métiers manuels, proches des flux, redeviendront centraux. La gestion des flux concrets (industrie, agriculture, élevage) prendra le pas sur le tertiaire.