La provocation anti-religieuse est un autre filon, un chiffon rouge facile à agiter pour se faire de la pub. Cela ne concerne pas que le cinéma : voire par exemple Maurizio Cattelan et son pape écrasé par une météorite ou les caricatures de Mahomet ou de femmes voilées publiées par Chartlie-Hebdo. Il faut être bien naïf, comme beaucoup de fondamentalistes, pour tomber dans le panneau et faire de la réclame gratis à ces faiseurs et ces manipulateurs. N'est pas Bunuel qui le clame : leur intérêt artistique est proche du néant.
Dans le cas de "Golgota Picnic", les mauvais esprits du Delanopolis remarqueront que le hasard fait bien les choses.
Au moment où la gestion de Jean-Michel Ribes au Théâtre du rond-Point aurait dû faire l'objet d'un examen sourcilleux à l'occasion du second renouvellement de la convention qui lui confie la gestion de cet théâtre merveilleusement situé, la polémique tombe pile-poil. Qui irait s'interroger sur les 3, 9 millions d'euros de subventions annuelles qu'il reçoit de la ville et de l'Etat, en augmentation de 30 % depuis 2003 ? Qui tousserait en apprenant que les lieux lui sont loués par la ville pour 10 000 euros par an ? Oui, vous avez bien lu.
Qui rappellerait les 7 millions d'euros de travaux programmés ces dernières années par le propriétaire des lieux, c'est à dire la Ville ? En mars 2007, un rapport conjoint d'inspection de la Ville et de l'Etat pointait l'envolée des frais de personnel ( hausse de 49 % de la masse salariale entre 2003 et 2005 ), des frais de voyages ( + 148 % ) et l'explosion quasi-surréaliste des frais de missions ( + 1768 % !!! ). Le pourcentage anormalement élevé d'entrées gratuites ( plus de 20 % des billets émis ) était aussi montré du doigt.
La conclusion était lapidaire : " ... la situation financière du théâtre continue à se dégrader chaque année. Le théâtre, société commerciale à but lucratif, présente des capitaux propres toujours plus négatifs et n’arrive pas à dégager de résultat excepté en 2004 : le fonds de roulement, indépendamment de sa vocation à financer le besoin de fonds de roulement, est un « matelas de sécurité » destiné à absorber des pertes. Avec un niveau de capitaux propres largement insuffisants le théâtre ne dispose plus d’aucune marge de manoeuvre. Afin de revenir à une situation financière satisfaisante, le théâtre devrait diminuer ses dettes - donc ses charges - . Les recettes même si elles sont importantes ne suffisent pas à générer des profits, il convient donc de diminuer l’activité pour ne pas mettre en danger la pérennité de l’établissement."
Depuis la publication de ce rapport, il est difficile d'avoir des chiffres précis sur la part respective des subventions et des recettes commerciales réelles mais aucune initiative particulière n'a été signalée pour redresser la situation si ce n'est que les subventions se portent bien. François-Xavier Peron, de l'institut Civitas, a découvert qu'en 2010 : "le Rond-Point n'a compté que 210 993 spectateurs pour une recette (mises à disposition des salles comprises) de 5 205 000 € , soit une place moyenne de 24.67 €. Il y a eu 820 représentations pour un total de 210 993 spectateurs. Soit une ridicule moyenne de 257 par séance, y compris les très nombreux « invités » qui ne payent jamais !"
Nous en étions donc là, fin 2011, au moment où la convention de Ribes venait pour la deuxième fois à échéance. Mais qui oserait demander que sa gestion soit scrutée et éventuellement sanctionnée alors que "Golgota Picnic" est représenté sous bonne garde policière ? On serait rangé parmi les ennemis de la liberté d'expression pour moins que ça.
En tout cas, si Ribes à l'idée de programmer une pièce en décembre 2016 - date du prochain renouvellement de sa convention - décrivant l'inauguration d'un casino à la Mecque ou la vie privée du Prophète, il ne faudra pas s'étonner. Que Dieu protège la mairie et ses contribuables, amdullilah !