La campagne électorale s’était durcie ces derniers jours chez les démocrates à l’approche des primaires du mardi 19 février (Wisconsin et Hawaï): Hillary Clinton, en difficulté dans les sondages, cherchait à limiter le momentum de Barack Obama. Son objectif : si possible remporter la primaire, du moins limiter l’ampleur de la défaite, éviter qu’un scénario similaire aux primaires du Potomac ne se reproduise.
Sur la défensive, Hillary avait multiplié les publicités négatives, critiquant le manque de substance des discours de son rival, l’accusant de plagiat (Obama avait repris -- à la demande de l’intéressé -- quelques formules élaborées deux années plus tôt par l’actuel gouverneur du Massachusetts) et lui reprochant ses inconséquences quant au financement de sa campagne (il avait déclaré à l’automne qu’il utiliserait des fonds publics, plus transparents, mais il ne semble aujourd'hui guère pressé d’honorer sa promesse. Hillary, quant à elle, s’est bien gardé d’aborder le sujet…).
Parallèlement, elle cherche à récupérer les délégués attribués lors des primaires du Michigan et de Floride, exclus de la Convention par le Democratic National Committee (pour avoir avancé la date de leurs élections) mais qu’elle a techniquement remportées en l’absence de campagne électorale. Le nom d’Obama ne figurait même pas sur les bulletins en Floride.
Ce dernier obtient comme à son habitude ses meilleurs scores parmi les jeunes, les classes moyennes diplômées et les Africains-Américains. De manière plus significative, les deux candidats font quasiment jeu égal (avec une très légère avance pour Hillary) chez les classes ouvrières, les femmes (51% contre 49%) et les personnes âgées. Comme dans le Potomac, les « pare-feux » mis en place par Hillary, et en particulier l’électorat féminin, sont mis à mal par la déferlante Obama.
Les perspectives s’assombrissent pour Hillary : le caucus qui se tiendra à Hawaï dans quelques heures devrait là encore pencher en faveur de Barack Obama, qui a vécu près de 10 ans à Honolulu. Et Clinton doit désormais rassembler plus de 65% des électeurs du Texas, de l’Ohio et de Pennsylvanie si elle veut rester dans la course. Son avance en terme de superdélégués se maintient, mais nombreux seront ceux qui hésiteront à aller à l’encontre de la volonté populaire si les victoires de son rival devaient se poursuivre.
Le rival s'est d'ailleurs vengé des piques de sa collègue sénatrice ce soir : il a décidé d’intervenir à la télévision alors même qu’Hillary prononçait son discours. Comme un seul homme, les média se sont détournés d’Hillary pour écouter le messie du jour.
C’est qu’Obama est devenu un demi-dieux ces derniers temps : ses volontaires clament leur enthousiasme à qui veut bien les entendre, des femmes s’évanouissent lors de ses meetings, les intellectuels ne jurent plus que par son nom et tous répètent en cœur son nouveau slogan, « Yes We Can »… Une divinisation qui en agace certains (qui s’interrogent sur la personnalisation à outrance de la campagne) et qui en amuse d’autres : le magasine Slate s’est amusé à créer une Encyclopedia Baracktannica remplie de néologismes à la gloire d’Obama.
Pendant ce temps, les Républicains sont toujours là. John McCain l’emporte par 54%, contre 37% pour Mike Huckabee, définitivement hors course mais toujours dans la course. Les rumeurs du jour concernent l’identité du futur vice-président : certains parlent d’Huckabee, qui pourrait attirer l’électorat conservateur et évangélique ; d’autres évoquent Condoleezza Rice, séduisante hypothèse : une femme noire pour contrer une femme ou un noir ? Du deux (Hillary et Barack) en un – enfin, en une…
Et dire que la campagne ne fait que de commencer !
Scopes