Toi, qui m’as crissé là.
«On meurt toujours un peu d’une rupture. On flotte un temps et on finit par oublier, en un mois, un an, dix ans, mais on reste toujours un peu mort, par morceaux. Trop de ruptures, c’est trop de morceaux, et on en meurt au bout de la vie, remplie de douleurs oubliées. C’est çà le cancer. C’est les morceaux de douleurs qui s’accumulent pour nous faire chier, et qui nous tuent de l’intérieur.»
Trois mois plus tard, notre éclopé voit un peu de clarté pénétrer son abîme, sort de son marasme et décide de mettre à exécution un plan qu’il rumine depuis des semaines, quitter l’écriture et son Salon du livre qu’il déteste. « J’avais décidé de tout faire pour travailler chez P. Faulkner, plomberie générale, pour me rapprocher de toi, pour que tu m’aimes de nouveau, pour que tu voies le moi-formule-améliorée. Moins de mots, plus de tuyaux. L’univers de la plomberie m’interpelle. Il est tout ce que je ne suis pas. Couvert de crasse, d’eau pourrie. Tout dans les mains. Dans les gestes. Dans les recoins du quotidien des autres. Loin du mien, loin des réflexions qui s’empilent en moi en une tour instable.»
Mais P. »Faulkner s’avère être une fausse plomberie générale et un vrai service de rencontre hyperexclusif pour des gens hyperexclusifs. Notre héros deviendra non pas plombier, mais intervieweur d’une clientèle à la recherche de l’âme sœur.
Un thème exploité déjà brillamment, deux romans remarquables reviennent en mémoire Petite armoire à coutellerie de Sabica Senez, et Je ne veux pas mourir seul de Gil Courtemanche. Mais ici, Matthieu Simard en plus d’une écriture qui joint habilement un déni amoureux avec un humour teinté d’ironie et d’autodérision, nous offre un peu plus.