Depuis quelques jours, l’image ci-dessous fait le tour du monde sur Twitter et les réseaux sociaux. En effet, l’Inde, au travers de son ministres des Telecomunications Kapil Sibal, a manifesté son intention de censurer Facebook, Google et Twitter aux fins de “prendre soin de la sensibilité du peuple”. En réalité, il s’agit d’éviter la critique publique de la corruption régnant au sein du parti du Congrès sur des pages FB telles que I hate Sonia Gandhi ou encore celle du 1er ministre Manmohan Singh. La lutte anti- piratage des contenus de Bolywood, quant à elle, est assurée par des sociétés privées qui lancent des attaques de déni de service distribué (DSoS) pour faire tomber les sites incriminés.
Pour ce faire, les contenus publiés – photos, texte – devront faire l’objet d’une révision manuelle (screening) par les hébérgeurs (Yahoo, Google, Microsoft…), avant leur publication. C’est un peu comme si, après l’invention de la presse par Gutenberg, l’Eglise avait du lire tous les livres avant d’en autoriser la publication. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé !
Le premier édit de censure concernant un livre imprimé émane de la censure de Francfort et visait à interdire la traduction de la Bible en langue nationale. Les papes Innocent VIII et Alexandre VI travaillèrent à rendre uniforme la censure dans toute la chrétienté et à élargir le champ d’action de la censure à toute sorte d’ouvrages et non plus seulement les ouvrages théologiques. Le principe de l’autorisation préalable fut ainsi confirmé par Innocent VIII par la promulgation de la Bulle «Inter multiplices» [...] fut étendu à toute l’Europe par Léon X, qui promulga la bulle «Inter sollicitudines» (14 mai 1515) (source http://www.typographie.org/histoire-imprimerie/eglise/eglise-4.html)
Plus près de chez nous, les “ayant-droits” pressurent les politiques afin de faire passer le droit d’auteur avant tous les autres droits fondamentaux. Il n’hésitent pas à imaginer le recours à l’espionnage des internautes au moyen du DPI, si l’on en croit leur dernier rapport. Là aussi, des tests grandeur nature ont été menés, notamment en Lybie, par l’entreprise française AMESYS, filiale de Bull. En exportant ces technologies d’écoute du réseau, notamment son système EAGLE, AMESYS enfreint non seulement la réglementation française, mais viole les droits de l’Homme. En effet, grâce à ces écoutes, elle a permis, en Lybie, mais bientôt au Maroc et au Qatar, d’emprisonner, torturer et éliminer ses opposants. Cela lui vaut une assignation pour «complicité d’actes de torture» par la FDIH.
Voilà ce à quoi pourrait ressembler l’Internet, après HADOPI 1, 2, 3 … puisqu’HADOPI 4 est envisagé .
Sources :
https://www.theglobeandmail.com/news/technology/tech-news/india-wants-websites-to-screen-content-about-countrys-leaders/article2261351/?from=sec434