Marine Le Pen s’est rendue au port de Boulogne-sur-Mer, où elle a dénoncé l'Union européenne et les "contraintes qu’elle impose" aux pêcheurs. En cause, notamment, les quotas et les restrictions de période de pêche
Se prétendant issue de « 12 générations de marins pêcheurs » et se targuant d’être la « seule candidate de la Mer » à l’élection présidentielle, Madame Le Pen semble oublier qu’elle est Députée européenne, tout comme son père qui est censé siéger au sein de la Commission Pêche du Parlement…mais n’y met jamais les pieds.
Or, le Parlement européen est devenu co-législateur sur les questions de pêche depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Si Madame Le Pen souhaite vraiment défendre les intérêts de la profession, c’est donc au sein des instances communautaires plutôt que devant les caméras de télévision qu’elle devrait agir. D’autant que la Commission européenne a publié en juillet une proposition de réforme de la Politique commune de la pêche (PCP), qui est actuellement étudiée au Parlement et au Conseil pour être amendée. Pour l’heure, la candidate du Front national y brille, non par ses contre-propositions constructives, mais par son absence.
Au-delà des déclarations électoralistes et souvent mensongères de Madame Le Pen, il y a plusieurs points qui ne nous conviennent pas dans la proposition actuelle, à commencer par le projet d'instaurer un système de concessions individuelles transférables et d'interdire les rejets en obligeant les pêcheurs à débarquer les poissons "hors calibre" (c'est-à-dire trop petits). Ces propositions ne tiennent pas compte du très lourd impact qu'elles auraient sur le quotidien et les revenus de la profession. Par notre travail parlementaire, nous essayons d’infléchir ces positions.
La responsabilité des politiques, c’est de se battre pour leurs idées et de trouver une majorité autour de leurs propositions là où les décisions se prennent.
Pour être aussi efficaces que possible, nous rencontrons régulièrement les professionnels de la pêche. Il existe aujourd’hui un consensus au sein de la profession et des institutions européennes pour considérer que l'objectif de durabilité environnementale doit faire partie des trois piliers de la réforme, aux côtés de la durabilité économique et sociale. Il y a des contraintes nécessaires pour assurer la pérennité de la ressource et de l’activité. Les pêcheurs sont prêts pour cela à adhérer aux objectifs européens, mais ils sont réservés sur les modalités proposées ou imposées pour les atteindre.
C'est aux députés européens maintenant d'entendre leurs préoccupations et de faire des propositions d’amendements qui leur donnent satisfaction. Le chacun pour soi en matière de pêche reviendrait à accepter un monde sans règles, où l’ultralibéralisme aboutirait à la disparition de la ressource et donc des pêcheurs. Des règles collectives sont nécessaires, d’autant plus que les poissons, eux, ne connaissent pas les frontières.
François Hollande a, dans cette perspective, fait des propositions concrètes pour relever « le défi maritime français ». A la privatisation de la Mer et au monde sans règle préconisés par la droite et l’extrême-droite, il oppose un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.
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Catherine Trautmann -
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