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Souveraineté (1)

Publié le 18 décembre 2011 par Malesherbes

 Le 23 juillet 1952, suite à l’action des pères fondateurs de l’Europe, six pays, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg signaient le traité de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. C’était la première pierre d’un édifice, destiné à préserver la paix sur l’Ouest de notre continent et à assurer son développement économique.


 

Au cours decette construction européenne, on a pris ensuite un certain nombre de mesures symboliques. Après moult difficultés, le Conseil de l’Europe a adopté en 1955 un drapeau européen. A partir de 1985, la Communauté européenne a mis en place un passeport européen puis a défini en 1986, un hymne et un drapeau européens. Ce passeport a été le premier élément permettant de donner aux citoyens de la Communauté européenne le sentiment d’appartenir à une collectivité supranationale puisqu’il leur arrivait parfois, lors de contrôle aux frontières, de se voir réserver un guichet.

En 1992, le traité de Maastricht définit les conditions du passage à la monnaie unique, qui constituent la règle d’or que nos gouvernants semblent seulement découvrir maintenant. Participant début 2002 à un séminaire à Atlanta, je me souviens encore de la fierté avec laquelle, nous autres participants européens, exhibions à nos collègues américains nos pièces et nos billets tout neufs. Nous avions désormais dans nos poches et portefeuilles cet euro, premier signe physiquement tangible de notre union. Un des premiers actes souverains d’un pouvoir nouveau, c’est de battre monnaie. Et lorsque cette monnaie n’a pas de valeur en elle-même, c’est ce pouvoir qui garantit qu’ellepuisse, à tout moment, être échangée contre d’autres monnaies, des marchandises et des services.

Le seul problème dans l’affaire, c’est qu’il n’y a pas de pouvoir européen ou plutôt que ses organes sont impuissants, un comble ! A moins d’en appeler au pouvoir d’un seul, comme l’ont tenté en Europe, Rome, Charlemagne, Charles-Quint, Napoléon, Hitler ou quelques autres, on a l’habitude de fonder un pouvoir sur des pratiques démocratiques. Et la démocratie, cela implique de s’en remettre à une majorité. Je me souviens, ingénieur débutant, d’avoir participé en 1968 à un vote étonnant. Les ouvriers de notre usine s’étant mis en grève, les cadres s’étaient réunis pour déterminer s’ils se joignaient ou non à ce mouvement. Mais, avant de se prononcer sur cette question, d’aucuns avaient exigé que l’on vote au préalable pour savoir si la minorité suivrait l’avis de la majorité. Il y avait déjà alors des gens n’ayant pas assimilé les règles de la démocratie et, qui plus est, totalement illogiques. On se trouvait en effet devant le problème de la poule et de l’œuf : tirer les conséquences de ce vote revenait à supposer comme acquis que la minorité se range à l’avis de la majorité, ce qui était précisément ce que ce scrutin devait établir.

Hors de la règle majoritaire, point de salut.


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