A la fin du livre, un personnage demande à un diplomate : "Ça vous fait quoi, de tirer un trait là-dessus ?" Et l'attaché d'ambassade de Kaboul lui répond, tout en dégustant son vin et son fromage : "Voyons, nous sommes entre gens civilisés, qui plus est dans un monde de barbares, sous-développés. Nous sommes là pour apporter la paix, et de temps à autre le... développement, pardon, j'allais dire l'ordre."
La note de l'auteur, en fin de volume, commence par ces mots : "Ce livre est tiré de faits réels."
Le sujet : l'Afghanistan d'aujourd'hui est le producteur de la quasi-totalité (94%) de l'opium et de l'héroïne dans le monde, soit 450 tonnes pour cette dernière. "Une trentaine de camions, deux convois de marchandises tout au plus en gare de Nice, et avec ça tu pourris la planète." Ce livre explique, démontre et démonte, les mécanismes d'aveuglements, de corruptions consécutifs aux enjeux géo-stratégiques (le retour sous de nouvelles formes du Grand Jeu) des grandes puissances et du big business pétrolier. Parce que tout se tient (pétrole, système financier, fondamentalisme religieux, etc), tous se taisent. Olivier Weber est en colère. Il dénonce, proclame, se donne les outils pour donner à voir : grâce une fiction qui n'en est pas une, il nous rend intelligent, sincèrement. C'est notre monde. La mort blanche est à lire pour comprendre, pour savoir, pour ne plus rien attendre. Indispensable. C'est un effort nécessaire.
(Mon unique bémol cependant : c'est très mal écrit. Mais peut-on encore le lui reprocher - ce n'est ni l'ambition, ni la finalité de l'ouvrage... Dommage néanmoins, parce que toute à sa volonté de trop nous expliquer, le récit, les personnages, la chair du texte s'en trouvent altérés. Et c'est pour cela que John Le Carré est irremplaçable... Mais peu importe.)