Un homme rencontre l’auteur disparu de trois courts romans qui marquèrent sa vie à la fin de son adolescence. « Mais le rideau va se déchirer. Santenac – l’auteur mythique - n’est peut-être pas à la hauteur du rêve. À la hauteur de la passion des livres… » nous apprend la quatrième de couverture. Les romans n’intéressent pas les voleurs d’Alain Rémond est roman sur la lecture et de sa confrontation à la realpolitik de la vie, en quelque sorte. Borges disait qu’il n’était pas un écrivain, mais avant toutes autres choses, un lecteur. Il pensait que la lecture était un acte artistique. Et pour beaucoup, le rapport au livre - tant physique que psychique - est l’un des plus intimes qui soit, de ceux qui nous vous font appartenir à une « secte » d’initiés, comme ces rituels des peuples inconnus des jungles profondes d’Afrique. Il vous sépare, vous rende précieux. Le livre, comme épreuve et cérémonie, ouvre (parfois) un champ nouveau de conscience, il entrouvre en nous la perception d’un écho dans le vide. Plus qu’un rêve, nous cherchons une compréhension - comprendre et être compris - une justification, peut-être. « Mais lire ce n’est pas vivre. » sont les derniers mots de cette histoire. Et si les romans n’intéressent pas les voleurs – sans doute est-ce vrai, mais alors que nous reste-il ? Quelques tendresses, quelques rires, tout cela en somme, l’auteur nous le donne comme une offrande. Un livre bouleversant dans son rapport à la vérité pour tout lecteur compulsif – mais c’est aussi sa limite.