La fabrique des idées politiques… à droite.

Publié le 22 janvier 2008 par Lbouvet

Pour qui a eu à faire l’expérience de la construction programmatique ou de la réflexion doctrinale en politique, le témoignage direct et précis d’Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet du Président de la République et ancienne responsable des études de l’UMP en charge du programme présidentiel, sur la fabrication du programme du candidat de l’UMP à la dernière élection présidentielle est de premier ordre - voir l’entretien accordé à nonfiction.fr.

Non seulement elle décrit par le menu la manière dont elle a été dotée de réels moyens pour travailler et dont elle est allée chercher un par un les intellectuels, chercheurs et experts de tout poil pour participer au grand œuvre mais elle se permet, elle peut…, de donner des leçons en la matière au PS notamment, incapable depuis des années de ne serait-ce qu’organiser un colloque thématique ou une convention digne de ce nom.

Un seul indice : les socialistes lorsqu’ils doivent “réfléchir” à telle ou telle question invitent outre les indispensables élus plus ou moins spécialistes de la question et les non moins incontournables “responsables associatifs” uniquement des intellectuels, chercheurs ou experts réputés proches du PS - en fait de tel ou tel leader ou courant, les plateaux étant composés quasiment à la proportionnelle… Alors que l’UMP, quoiqu’on pense de la manipulation que cela représente et/ou du résultat programmatique final, s’efforçait, sous la houlette de Mignon, d’inviter l’ensemble des spécialistes de la question.

Cette différence d’approche n’explique pas tout, loin de là. Elle témoigne simplement de l’abandon du terrain des idées par le PS – et sans doute la gauche dans son ensemble – et renforce a posteriori la désagréable impression que la bataille des idées a été gagnée par la droite ces dernières années. D’une manière telle que même ses dirigeants, Nicolas Sarkozy et François Fillon, ont pu oser prétendre qu’ils avaient regagné une “hégémonie”, au sens gramscien du terme (sic), sur la société française. Voir à ce propos le dossier du numéro 52 (4e trimestre 2007) de la revue Mouvements.