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Qui ne réforme pas passe à la trappe

Publié le 19 décembre 2011 par Copeau @Contrepoints

Les réformes : une recette infaillible pour être réélu. À l’inverse, ne pas réformer, c’est coûteux politiquement, comme le montre l’IREF.

Un article de l’aleps

Qui ne réforme pas passe à la trappe
Pourquoi ceux qui sont élus sur des programmes de « rupture » ne mettent-ils pas en œuvre leurs promesses ? Cela leur coûtera cher aux élections suivantes. En sens inverse, ceux qui osent des réformes (même non prévues) sortent à coup sûr vainqueurs de la compétition.

Cette constatation a été faite sur l’histoire récente d’une trentaine de pays. Elle est la conclusion d’une étude menée pour l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) par les professeurs italiens Colombatto et Padovano, et présentée à Rennes jeudi 8 et vendredi 9 décembre à l’occasion d’un colloque organisé avec Contribuables Associés.

C’est donc un mauvais calcul pour des hommes politiques au pouvoir que de ne pas réformer. Ils tomberont tôt ou tard. C’est ce qui s’est produit depuis un an et demi : en Angleterre, en Grèce, en Italie, en Irlande, en Espagne, la crise a emporté les leaders en place, et les électeurs ont ainsi fait connaître leur désir « d’autre chose ». Cet aspect du problème est un peu flou, mais bien plus claire est une autre corrélation : tous les gouvernements démocratiques ayant pratiqué de vraies réformes ont été réélus, souvent de façon très large. L’étude s’intéresse surtout à ce qui s’est passé au Canada, en Suède, en Australie, en Nouvelle Zélande. Dans tous ces pays, les partis au pouvoir (souvent de gauche d’ailleurs) ont réformé très profondément, et rompu avec le tout État Providence. En dépit des sacrifices imposés à certains, en dépit de la suppression de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires, en dépit de la rigueur budgétaire, les électeurs ont compris que l’on ne pouvait faire autrement, et ont su gré aux auteurs des réformes de leur lucidité et de leur courage. D’ailleurs les électeurs en retirent aujourd’hui les fruits : ces pays ont traversé la crise sans dommage apparent, parce qu’ils ont fait en temps voulu ce que le « sommet » de Bruxelles veut réaliser, sans grande chance d’y parvenir. Ils ont diminué l’État et les dépenses publiques, privatisé ou organisé la concurrence (par exemple dans l’école, les transports, la santé ou les retraites).

Le Pr. Victoria Curzon-Price a prononcé un discours magistral sur la façon dont la Suisse a traversé la crise. Avec la Suède, c’est le pays européen qui a connu la croissance la plus élevée. Le Franc Suisse n’a pas été emporté par les troubles financiers et monétaires, même s’il a fallu compenser les erreurs de l’Union des Banques Suisses. Pour quelles raisons ? Moins d’impôts, « restrictions budgétaires » votées dès 2001, empêchant la Banque Nationale de financer quelque déficit public que ce soit. Mais aussi résistance de la démocratie directe, soumission du pouvoir fédéral aux votes populaires dans les cantons. Voilà les vrais chemins d’une réforme réussie. Par contraste, nous a dit le professeur Colombatto, l’Italie n’a pas voulu rompre avec son « modèle redistributif », où le Sud ponctionne le Nord, où l’administration centrale veut priver les régions de toute autonomie en dépit des lois passées il y a dix ans bientôt. La France, a souligné Maître Jean-Philippe Delsol, n’a pas fait mieux : c’est le « modèle social français » qui impose gaspillages, inégalités, désinvestissement, fuite des capitaux et des hommes. Comme l’a souligné Alain Mathieu, président de Contribuables Associés, le modèle est en réalité « anti-social », car il appauvrit tout le monde, mais les pauvres encore plus. Jacques Garello concluait, comme il le fait dans son article cette semaine, en posant la question : les dirigeants français peuvent-ils amorcer en cinq mois les réformes qu’ils n’ont pas su faire en cinq ans ? Benoîte Taffin, porte parole de Contribuables, a souhaité qu’au moins les candidats tiennent un nouveau langage et qu’un programme lisible soit présenté.

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