C'est pas l'opium, c'est la camisole de force du peuple. Tout système religieux interférant la vie publique, la dictant, l'imprégnant, sonnant ses heures comme le font les cloches, la corne de bélier ou le muezzin est une atteinte aux droits, à la dignité humaine. Un dicktat.
Le nouveau Président tunisien Marzouki fait le buzz aujourd'hui avec un mot qui m'a agréablement surpris, que je ne connaissais pas, qui sonne à la fois bizarrement, doctement et sympatiquement : "doxa". Il dit que "les Français, "prisonniers d'une doxa au sujet de l'islam", sont "souvent ceux qui comprennent le moins le monde arabe..." Une doxa, bon sang mais c'est bien sûr, sonne comme "paradoxe". Le mot est un bébé de Roland Barthes lis-je dans mon cher Robert en 6 volumes : didact. ensemble des opinions reçues sans discussions, comme une évidence naturelle, dans une civilisation donnée... Ce cher Président érudit Marzouki nous dit que nous devons accepter un parti islamique modéré tout comme il accepte nos partis "démocrate-chrétien", ou autre, chez nous en occident.
Comme toute chose institutionnalisée un parti islamiste "modéré" ne va pas tarder à danser le tango... Les partis politiques adorent tous danser le tango avec les peuples, avec leurs peuples. Particulièrement les "partis politiques religieux". Des pas ensemble, des pas de côté et je te serre et je t'étreins et je te tiens, tout ça au rythme d'une musique lancinante, rien à voir avec celui de Gardel qui serait vite largué-KO...
Un parti religieux même soi-disant "modéré" qu'il soit islamiste ou autre va vite te serrer et t'étouffer, te filer le tournis, à défaut de te filer des branlées. Il cache vite sous son vêtement saint la trique et le gourdin. L'ordre et la morale voilà la belle chose, leur cheval de bataille. Je vomis publiquement les mots de ce Président Marzouki. Je les fais tous passer à travers la lunette de mes chiottes.
Encore un merveilleux film iranien ! J'ai vu hier un merveilleux film iranien qui m'a beaucoup, beaucoup touché : "Noces éphémères". Pression des codes sociaux et des traditions. Etouffante religion. Totale hypocrisie de la vie quotidienne. Morale et moralisateur omni-présent se glissant partout dans l'aspect vivant le plus intime de la population, des gens. Leurs rues, leurs maisons, leurs placards, leurs alcôves, leurs lits. Effrayant ! Peuple entier en apnée. Qu'une chose à faire dans un tel pays que l'Iran : accepter ou se barrer ainsi que le fera la belle veuve dans ce film aux fragrances douces-amères. Pour moi constat effrayant, oui. Glaçant.
La religion n'est pas l'opium du peuple, l'opium est bien suave, doucereux, enivrant. La religion est la camisole de force du peuple.