Chronique du lundi 19 décembre 2011.
Après la réunion exceptionnelle des clubs de Top14 en dehors de la LNR, il semblerait aussi que des échanges aient récemment eu lieu avec leurs homologues Anglais. Explications…
La volonté de générer des revenus :
Selon le Daily Mail et le Mail on Sunday notamment, il semblerait que les clubs français et anglais travaillent sur un projet de Coupe du Monde des clubs qui aurait pour ambition, non seulement de créer des revenus supplémentaires, mais aussi de bouleverser le calendrier. En effet, de manière à pouvoir rencontrer les provinces de l’hémisphère sud, les clubs Européens souhaiteraient positionner la compétition pendant l’été, ce qui présenterait le double avantage de jouer en même temps que l’hémisphère sud et de faire disputer les rencontres dans un contexte climatique plus favorable en Europe.
Les clubs Anglais ne sont pas dans une position économique forte, actuellement. Des clubs comme les Wasps sont à la recherche d’investisseurs, d’autres comme Gloucester ou Sale ont peur de perdre le fragile équilibre financier, déjà déficitaire, qui est le leur. A la différence des clubs français, dont la situation économique est plutôt florissante, leurs homologues Anglais sont aux abois. La crise économique n’a fait qu’amplifier une situation difficile, que la mise en place d’un salary cap n’a pas permis de réguler. Résultat, les dirigeants outre-Manche cherchent des solutions, tout type de solution, pour générer des revenus qui assoiraient leurs finances. Cela passe aussi bien par la création de nouvelles compétitions, la Coupe du Monde des clubs, plus attractives que celles, actuelles, comme la Coupe AngloGalloise par exemple, ainsi que par le déplacement de la saison sur la période estivale. En effet, à l’image du Rugby League qui se joue l’été, le Rugby Union est intéressé par une période de l’année où il fait chaud et où les spectateurs peuvent pleinement profiter du spectacle, tout en ayant grand besoin de se désaltérer.
S’il n’est pas toujours facile d’attirer les spectateurs dans les stades quand il fait froid et qu’il pleut, le fait de jouer l’été présente, en théorie, bien des avantages. Il est plus facile d’attirer toute la famille et, surtout, de la faire abondamment consommer, ce qui fera naturellement grimper les revenus générés autour des matchs. En France, le problème ne semble pas aussi évident. Pour cause de congés payés et de grandes vacances, peu de grands évènements ont lieu en cette période. Même si le championnat de France de football reprend début août, la majeure partie de ses moments forts se situe à l’automne ou au printemps. Du coup, est-ce que les français seront intéressés par un tel bouleversement des saisons ? On peut penser que oui du côté de Biarritz ou de Toulon pour raisons côtières, mais c’est moins évident pour Clermont ou Paris.
L’opposition avec le pouvoir fédéral ?
La fédération française a prévu d’organiser les Etats généraux du rugby en février prochain. Ce sera, alors, le bon moment pour tester la volonté des clubs français de faire changer les choses. De voir si ceux-ci vont au bout de la logique et demandent une évolution des saisons en étant calqué sur l’hémisphère sud et en s’éloignant au maximum de l’hiver. Il est, bien sûr, évident que les équipes ne peuvent pas jouer 12 mois sur 12, championnat national en hiver, mondial en été. Cela entraînerait, au minimum, l’ajout d’un certain nombre de joueurs que les budgets et même le fonctionnement interne du club aurait dû mal à intégrer.
Du coup, on verra, à ce moment-là, si la volonté des clubs français est aussi marquée que celle de leurs homologues anglais. Pas sûr au vu de la période qui, malgré le contexte économique général, reste plutôt florissante dans notre pays. Pourtant, à bien y penser, la Fédération aurait intérêt à encourager une telle initiative. En effet, cela permettrait de mieux distinguer la partie professionnelle de la partie amateur, ce qui aurait pour avantage de ne pas créer de concurrence déloyale entre grands et petits clubs lorsque ceux-ci jouent le même jour. Il y aurait une complémentarité et des passerelles plus faciles à mettre en place entre la vitrine, les pro, et la base, les amateurs.
Est-ce que la fédération française est capable d’avoir une telle vision et de proposer une telle révolution ? Pas sûr et ce d’autant plus que l’IRB sera, à mon avis, totalement contre. En effet, une compétition révolutionnaire qui met en avant le contre-pouvoir que représentent les clubs ? Vous n’y pensez-pas ! Et ce, même si cela permettait de créer des revenus pour les provinces du sud, c’est à dire les fédérations d’Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud qui sont parties prenantes ? Le problème, c’est que les fédérations d’Ecosse, du Pays de Galles et même d’Irlande peuvent se sentir exclu du mouvement et préférer le bloquer plutôt que de voir le pouvoir leur échapper.
Le format de la compétition aura grande importance au moment de convaincre le monde du rugby de révolutionner son calendrier. En effet, si tout le monde est présent dans la nouvelle compétition, un représentant de chaque pays de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud à chaque fois, alors peut-être celle-ci aura une une chance de voir le jour. Mais même là, pas sûr que des gens d’un extrême classicisme accepte un changement d’une aussi grande importance. C’est à ce moment-là qu’il faudra, peut-être, leur expliquer que ce type de compétition avait déjà existé dans le passé. Cela s’appelait le Masters et avait été organisé par le Stade Toulousain dans les années 80, à un moment où le rugby était totalement amateur. Mais peut-être qu’ils penseront que c’était, déjà, une manière déguisée de mettre en place le professionnalisme qu’ils voulaient à tout prix éviter…
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