Une histoire qui implique un grand groupe capitalisme, de la discrimination, du racisme et de la malbouffe au pays du vin et du fromage, voilà qui tombe à pic pour une journée pluvieuse. Et pour parfaire notre histoire, nous placerons ça dans le Sud de la France, terre d’élection des plus belles affaires mafieuses de notre histoire.
Tout se passe donc à Aubagne, charmante bourgade de Provence, et plus précisément dans le restaurant McDonald qui s’y est installé il y a quelques années. Ici, faites travailler votre imagination et mêlez l’odeur caractéristique du graillon BigMac avec celle de la lavande provençale et l’accent chantant des gens du sud qui déclament un grand « 2 cheeses et 3 petites frites » dans l’ambiance bon enfant du restaurant rapide…
Mais dernièrement, il semble que tout ne se passe pas tout à fait comme ça à McDonal’s : une grève a été déclenchée par les salariés. Zut et zut, l’ambiance choupinette se dégrade.
Et là, ça devient un peu compliqué à suivre. Je vais essayer de faire simple et synthétique, à partir de l’article ici, écrit avec une armée de conditionnels et de tournures ambiguës qui empêchent toute certitude.
Après la lecture de quelques uns des rares articles consacrés à ce micro-fait-divers (qui en dit long sur le syndicalisme et un certain esprit pas tout à fait McDo), on comprend que dans un autre McDonald tout proche, celui de la Valentine (par ailleurs l’un des plus gros restaurant de la chaîne en France avec un chiffre d’affaire particulièrement mammouthesque), les salariés se chamaillent avec la direction ; le syndicat maison, la CGT, est en conflit plus ou moins larvé avec un autre syndicat (FO). Notez que c’est peut-être le contraire, mais sans importance. Il faut juste retenir que les deux syndicats se cognent l’un sur l’autre, et en profitent pour prendre la direction en sandwiche, ce qui est très goutû au pays des Big Mac.
Quel rapport avec mon premier restaurant ? Au départ, aucun, jusqu’au moment où les salariés grévistes du McDo La Valentine sont allés débaucher ceux du McDo d’Aubagne. Le conflit s’étend et les raisons de ce pugilat sont suffisamment complexes pour écarter impitoyablement le pigiste qui a autre chose à faire que vérifier des faits et se renseigner sur ce qui se passe. Apparemment (et j’utilise ici le même conditionnel que les pisse-copies qui ont rapidement expliqué l’affaire en cours), il semblerait qu’un des salariés d’Aubagne (ou de La Valentine, on s’y perd) aurait été victime d’une discrimination.
Horreur.
L’explication laisse pantois, je la retranscris ici telle qu’on peut la lire :
« Elle vient d’obtenir une évolution et pas lui. La seule différence, c’est la couleur de peau. Nous sommes solidaires et n’accepterons pas la discrimination. »
Vous l’avez deviné : la direction serait (conditionnel obligatoire) raciste ou discriminerait à la couleur de peau. Mais dans ce galimatias de conjectures, d’hypothèses peu étayées et de banderolles agitées vigoureusement, une autre question s’ajoute aux précédentes : imaginons — folie d’un instant — que la direction ait choisi le salarié noir pour sa promotion, et non la femme blanche.
Eh bien la Direction de McDonald était alors coupable de sexisme, c’était une évidence.
Il faut bien comprendre que dans ce genre de cas, il n’y a qu’une seule réponse : celle de l’Ecole des Fans où tout le monde gagne (le Noir et la Blanche). En République du Bisounoursland, on n’a plus le droit ni d’avoir une couleur, ni d’avoir un sexe. Encore qu’à bien y réfléchir, l’ordre d’évaluation permet de placer au plus bas l’homme blanc chrétien honnête, lie de l’humanité discriminante aux pensées troublées de désirs sexistes, racistes, intégristes et conservateurs, les seules égalités appartenant aux sphères évoluées des minorités visibles des pas-honnêtesLa Société M’A Obligé, pas-blancs, des pas-chrétien et des pas-hommes.
Si l’on y ajoute l’élément syndical, délicieusement opérationnel et pas du tout lié à des histoires d’argent qui sont bien en-dessous des considérations humanistes des encartés du cru, on comprend immédiatement que tout ceci ne peut se terminer qu’avec une soirée mousse et des petits bisous de bonheur sucré et non discriminant.
Cette société merveilleuse vit — heureusement ? — ses dernières années de joie bondissante vers le non-discriminatoire discriminant et la distribution obligatoire de bonbons citoyens. Chaque jour qui passe fournit un nouvel exemple ahurissant de collision débile d’une minorité risible avec une autre, dans la bataille ultime à celui qui sera le plus parfaitement correct, propre sur lui, c’est-à-dire sans tache (mais surtout pas blanc).
J’exagère ?
Même pas, puisqu’on se retrouve avec, par exemple, une plainte pour racisme déposée par un commissaire de police (oui oui) contre une association … de lutte contre le racisme. On se rapproche ainsi du jour où les insupportables porte-drapeau de la pensée rectiligne vers les goulags centres citoyens anti-discrimination, dirigeants d’associations à la SOS Racisme, CRAN et autre LICRA, se retrouveront à porter plainte les uns contre les autres et à s’entredéchirer dans un bain de sang festif qu’on applaudira des deux mains.
Ce jour viendra.
Mais en attendant, on sera obligé de lire des articles incompréhensibles expliquant pourquoi il faut continuer la lutte contre les méchants (hommes honnêtes, blancs et chrétiens).