Les scientifiques ont découvert un gène spécifiquement responsable du syndrome de Weaver, un trouble génétique rare qui provoque une grande taille à la naissance puis un retard de développement durant l'enfance avec un handicap intellectuel. Cette découverte a d'ores et déjà permis de mettre au point un nouveau test génétique qui permettra de confirmer le diagnostic chez les enfants présentant ce trouble génétique rare, aujourd'hui documenté sur 30 enfants dans le monde. Des résultats publiés dans l'édition du 16 décembre de l'American Journal of Human Genetics.
Le syndrome de Weaver – découvert par le Dr David Weaver en 1974 (professeur émérite de génétique médicale et moléculaire à l'Indiana University School of Medicine)- est un syndrome génétique rare caractérisé par une avance staturale et de l'âge osseux, présentes à la naissance. Son diagnostic est proche de celui des syndromes de Sotos et de Marshall-Smith. Environ 30 cas ont été documentés dans le monde. La découverte de mutations sur le gène EZH2 des mutations pourra contribuer à préciser le diagnostic. « Pour les familles chez qui nous avons identifié le gène, cette découverte apporte définitivement une confirmation « ADN » du syndrome de Weaver," explique le Dr William Gibson, principal auteur de l'étude, clinicien-chercheur à la Child & Family Research Institute à l'Hôpital pour enfants en Colombie-Britannique et professeur à l'hôpital pédiatrique de l'University of British Columbia (UBC).
Une seule fois par famille : Le syndrome de Weaver ne se produit habituellement qu'une seule fois par famille, car il semble causé par une mutation génétique au niveau du spermatozoïde ou de l'ovule qui a conçu l'enfant. C'est pourquoi les chercheurs ont dû recruter ces patients atteints de syndrome de Weaver, à la fois au Canada et aux États-Unis.
Jusqu'à ce jour, un diagnostic clinique : Actuellement, les médecins doivent diagnostiquer le syndrome de Weaver, en évaluant le visage de l'enfant, sa croissance, son squelette et en prenant en compte d'autres caractéristiques cliniques. Les patients atteints de ce syndrome ont généralement une tête surdimensionnée, des traits du visage très typiques, des problèmes de tonus musculaire et des troubles des articulations, et présentent des anomalies de maturation du squelette. Des mutations dans le gène NSD1 ont été identifiées dans le syndrome de Sotos mais peuvent également provoquer le syndrome de Weaver. Il pourrait y avoir encore d'autres gènes impliqués dans le syndrome de Weaver et les chercheurs poursuivent leur recherche sur d'autres familles.
Une même mutation responsables de troubles du développement et de cancers : Le gène EZH2 est déjà connu pour ses mutations dans la leucémie, les lymphomes B et certains autres cancers du sang. Ce gène contribue à contrôler la façon dont l'ADN est enroulé autour de protéines spécifiques qui contribuent à réguler l'activation ou le sommeil de groupes de gènes. Cette découverte éclaire donc un domaine émergent de la biologie qui relie les syndromes du développement et du cancer, explique le Dr Gibson. Lorsque ces mutations dans EZH2 se produisent tôt dans la vie, elles produisent des syndromes du développement tels que le syndrome de Weaver, lorsqu'elles surviennent tard dans la vie elles sont responsable de cancers.
L'équipe du Dr Gibson propose désormais, en test de dépistage, le séquençage du gène EZH2 en partenariat avec l'Institut de recherche Hôpital d'Ottawa et peut être contacté directement par courriel à [email protected] .
Source: The American Society of Human Genetics - The American Journal of Human Genetics, 15 December 2011 doi:10.1016/j.ajhg.2011.11.018 Mutations in EZH2 Cause Weaver Syndrome
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