Ce dimanche soir, j'avais initialement prévu d'aller au Parc des Princes pour voir David Beckham PSG - Lille. Mais même si le sport c'est mieux en live, pas question de manquer la finale des BleuEs du hand. Et c'est forcément sur Sport +, LA chaîne du hand, avec les commentaires, parfois agaçants mais toujours passionnés de Frédéric Brindelle. Etonnant de savoir que nous sommes quelques millions à être devant notre télé en même temps, prêts à vibrer pour ces filles qui nous ont montré tant de belles choses depuis quelques jours, quelques semaines, quelques années (idem du côté de la Norvège of course). Pensées du côté de Bordeaux où ça doit palpiter...
20h13. La Marseillaise vient de résonner dans le palais des sports de Sao Paulo, bien peu garni. Dans la foulée, Paule Baudoin pousse le cri de guerre. Que ce doit être fort de vivre un tel moment dans une carrière. La télé nous montre l'image d'Olivier Krumbholtz qui enlace Allison Pineau, privée de cette finale après s'être rompu le ligament croisé en demi-finale. L'image est belle. Les BleuEs aussi.
Du côté norvégien Line Sulland enchaîne les buts (remarquez, ça nous donne plein de gros plans de la jolie demoiselle... ou l'art de positiver). Vingt minutes de jeu et +3 pour les Norvégiennes. Les Françaises ne trouvent pas de solution en attaque et sont souvent débordées en défense par la puissance adverse. Deroin touche la barre, le tir de Beaudoin est détourné, Lacrabère est en échec... ça ne veut pas rentrer. Fais chier... Frustrant. 19-13 à la mi-temps. ça sent le pâté, cette histoire.
Allez c'est reparti... Les BleuEs nous ont habitués à quelques miracles. Il en faudra encore un ce soir. Les affaires ne s'arrangent pas et je commence à zapper sur Canal pour le foot. Mauvais signe... Retour sur Sport + et toujours la même démonstration des Vikings et des Françaises qui font briller Haraldsen, la gardienne adverse. Je ne connais pas personnellement ces filles mais je suis déjà déçu pour elles. Je les imagine avec ce sentiment d'être passé à côté, d'avoir manqué l'un des matches les plus importants de leur carrière. Jamais facile de savoir si ce sont les Françaises qui ont manqué leur match ou si ce sont les Norvégiennes qui étaient trop fortes. Sans doute un peu des deux. J'imagine aussi les proches tentant de les réconforter, de chercher les mots pour panser les maux, sécher les larmes. Ce match, les filles vont se le refaire des dizaines de fois dans leur tête, revoir les penaltys manqués, les tirs arrêtés, les balles perdues. En se disant sans doute qu'elles auraient dû tirer en bas plutôt qu'en bas, en force plutôt qu'en finesse...
-5 à 7 minutes de la fin... On veut y croire... Vain effort. Les voisins peuvent dormir en paix, je ne crierai pas ce soir dans mon salon, debout sur ce canapé qui m'a parfois vu partir en sucette pour quelques grands moments de sport, toutes disciplines confondues. Ce soir, c'est à Oslo que l'on crie de joie et que l'on saute sur les canapés. Les meilleures l'ont emporté (24-32). Sans aucune discussion possible. En tout cas sur ce match. Le temps est venu pour les traditionnelles scènes de fin de finale. La ronde des gagnantes (ça se dit comment "on est les championnes" en norvégien ?), leurs cris, leur joie. Et puis les larmes des perdantes, les regards dans le vide qui laisseront petit à petit place aux sourires d'abord de façade puis plus sincères, reflets d'un parcours quasi sans faute récompensé par cet argent qui, s'il n'a pas le goût et l'éclat de l'or, n'en possède pas moins une grande valeur... C'est la fin d'une aventure... sans happy end. La France ne sera pas le second pays après l'URSS, en 1982, à décrocher la même année les titres masculin et féminin. Dans les haut-parleurs, Freddy Mercury peut hurler son "We are the champions". Les Expertes étaient norvégiennes.
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Pour la première fois depuis près de 15 ans, je n'ai donc pas participé au vote de la rédaction de L'Equipe pour le sportif de l'année. Mes ex-collègues ont désigné Nikola Karabatic devant Teddy Riner (judo - quintuple champion du monde) et Sébastien Loeb (rallye, champion du monde). Viennent ensuite Christophe Lemaître (athlé - argent aux mondiaux sur le relais et bronze sur le 200m), Tony Parker (finaliste de l'Euro avec les Bleus), Thierry Dusautoir (rugby - finaliste Coupe du monde), Thomas Voeckler (du Tour de France), Lucie Decosse (judo - championne du monde), Jean-Baptiste Grange (ski - champion du monde du slalom), et pour finir le top 10, le tandem Camille Lacourt-Jérémy Stravius (natation - champion du monde ex-aequo du 100m dos).
Il est plutôt pas mal ce classement. A l'exception de Loeb (je n'aime pas les sports auto), mon vote aurait sans doute été assez proche de ça avec peut-être une meilleure place pour Jason Lamy-Chappuis (11e). Mais l'essentiel est sauvé, les handballeurs sont enfin récompensés via leur leader. Trop souvent, ils ont payé le fait de réaliser leurs multiples exploits en début d'année (les championnats du monde et d'Europe ont toujours lieu en janvier ou février) et donc d'être un peu oubliés au moment du vote. Contrairement par exemple à un Loeb qui gagne ses titres "mondiaux" quelques jours seulement avant le scrutin. Même si comme le souligne régulièrement Alain (Braziou), le hand n'est pas le sport le plus universel (il est essentiellement un sport européen), les handballeurs, par ce qu'ils dégagent, par ce qu'ils transmettent comme émotions et surtout comme valeurs méritent ce titre de Karabatic.
Un regret néanmoins, comme le soulignait Cécile sur Facebook, et bien sûr Gabrielle sur son blog Entrée-en-lice, pas beaucoup de femmes dans cette histoire. Précisément deux avec donc Lucie Decosse, 8e, et Camille Muffat, 21e, après ses deux médailles de bronze aux Mondiaux de natation. Perso, j'aurais bien mis une petite footeuse, demi-finaliste de la dernière Coupe du monde, Captain Soso (Sonia Bompastor) par exemple.
Pour rester dans les bilans 2011, en feuilletant le Livre de l'année de L'Equipe, belle surprise de voir une pleine page consacrée à la deuxième place de l'équipe de France de concours complet avec une photo de Nicolas Touzaint. Pas souvent que le dada apparait dans ce livre. Il revient même un peu plus tard, même si c'est en tout petit, avec le rappel de la médaille d'argent des Bleus du saut d'obstacles. Un livre qui permet de se replonger dans les grandes émotions sportives de l'année. Mais j'y reviendrai.
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En vrac...
. Et deux victoires de plus pour Jason Lamy-Chappuis. Une première samedi dans le team sprint en compagnie de Sébastien Lacroix, comme Jez originaire de Bois d'Amont, une deuxième samedi en individuel, et rebelote dimanche pour la 18e victoire de sa carrière ! Avec en plus 4 Français dans le top 11 ce dimanche, la fête est total... Bravo aussi à Etienne Gouy le patron du combiné français et aux techniciens. Et comme le soulignait L'Equipe ce dimanche, les équipes de France de ski nordique sont particulièrement brillantes en ce début de saison. Les Fourcade en biathlon, Maurice Manificat en ski de fond, dans le top 5 de la Coupe du monde et bien sûr la jeune Coline Mattel en saut à skis (2e de la coupe du monde).
. Finaliste malheureux des Championnats du monde de squash, Greg Gaultier, remonté à la 3e place mondiale, s'est de nouveau incliné en finale du Masters face à l'Anglais James Willstrop, n°2 planétaire mais qui a déjà l'assurance de détrôner son compatriote Nick Matthew au prochain classement. Dommage mais partie remise pour le Vosgien de retour au tout premier plan !
. Je vous avais parlé l'autre fois de l'émission de France Culture consacrée à la renaissance du football au féminin, à Reims, au début des années 70. L'émission réalisée par Perrine Kervran est bien entendu accessible en podcast ICI.
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Un peu de cinéma. Je ne vais pas revenir sur "Intouchables" puisque tout a été dit (j'ai aussi beaucoup aimé ce film qui m'a surpris puisque j'attendais un film plus drôle mais moins intelligent), mais un p'tit mot sur "Les Lyonnais" et sur "The Lady".
Je commence par "Les Lyonnais", le film d'Olivier Marchal avec Gérard Lanvin et Tchéky Karyo dans les principaux rôles. L'histoire du gang des Lyonnais qui avait multiplié les barrages dans les années 70. Un bon film quand on aime ce genre "gangsters". Lanvin est égal à lui même et ça fonctionne plutôt très bien. Les fans de "braco", la série de Canal +, seront ravis.
Retour sur "The Lady", réalisé par Eric Besson. L'histoire de Aung San Suu Kyi et de son combat contre la junte militaire en Birmanie. Les faits historiques, le talent du réalisateur laissaient espérer un grand film. Raté. Il m'a manqué je ne sais quoi pour me transporter en Birmanie. Je n'ai par exemple pas été enthousiasmé par l'interprétation de Michelle Yeoh, un peu fade à mon goût. En revanche, le personnage de son mari, excellement interprété par David Thewlis, aurait peut-être mérité davantage. Alors certes la photo est belle, mais bon, ça ne m'a pas suffit.