Je disparais, d'Arne Lygre..
C'était à Paris au théâtre de la Colline au début du mois, et il ne disparaît pas ce magnifique spectacle. Alors, pour une fois hors actualité parisienne et
après tout le monde, dire. L'histoire est celle d'un déchirement et d'une lutte. Deux femmes sont brusquement obligées de s'exiler, de partir pour l'inconnu avec une petite
valise et elles sont dans la peur. L'une devait partir avec sa fille, l'autre avec son mari, ni l'un ni l'autre ne viendront et elles affrontent seules, ensemble et séparées, ce gouffre
au bord duquel elles sont. Et pour le conjurer peut-être ou parce qu'on fait toujours cela sans en prendre conscience, elles inventent d'autres personnages, d'autres situations, qui sont
les leurs aussi mais autrement dites, autrement pensées, si autrement dites et pensées qu'elles sont autres. Et se tressent intimement, ces autres, à leur réalité terrifiante.
Ce texte à la fois multiple et simple, offert par des des comédiens noués à lui dans un décor
qui leur laisse toute la place s'ancre dans la mémoire comme une mystérieuse évidence.
Arne Lygre est un écrivain contemporain norvégien que l'on connait peu encore en France.On trouve Je disparais dans cette très belle traduction d'Eloi Recoing aux éditions de l'Arche.
Le spectacle tourne maintenant. Il sera du 10 au 13 janvier au Théâtre National de Bordeaux et du 24 au 28 janvier au TNP de Villeurbanne. Après, je ne sais pas.
Mais on pourra voir une autre pièce d'Arne Lygre montée par Stéphane Braunschweig au Théâtre de la Colline: Jours souterrains du 8 au 13 février.
Je disparais. Mise en scène Stéphane Braunschweig, avec Irina Dalle, Alain Libolt, Annie Mercier, Luce Mouchel.