C’est à Roscoff, dans le Finistère, que des biologistes sont en train de faire des recherches ayant pour but de trouver un substitut à l’hémoglobine. En effet, la pénurie croissante de dons de sang a toujours été un problème. Selon Luc Douay, directeur scientifique de l’Etablissement Français du Sang (EFS), “cela fait 50 ans que l’on cherche un substitut aux globules rouges, qui est le produit sanguin le plus demandé, et pour l’instant on n’en a pas trouvé”. L’approche de la société biotechnologique Hemarina est forcément la bienvenue, et elle complète les recherches faites sur la culture de cellules souche, dont le but est de reproduire des globules rouges.
Toujours selon Luc Douay, “on aura toujours besoin de transfusions sanguines. Mais les dons restent insuffisants. Donc notre but, c’est de venir en complément de ces dons”. Rien qu’en France, il faudrait plus de 2,5 millions de dons annuels pour satisfaire les besoins en constante progression (5% d’augmentation par an). Malheureusement, l’EFS ne recueille que 2,2 millions de dons… C’est alarmant !
Les recherches de la société Hemarina sont orientées sur la molécule d’hémoglobine de l’arénicole, un ver des sables qu’on trouve sur les plages européennes de l’Atlantique Nord. D’après Franck Zal, directeur de la société, cette molécule possède de nombreux atouts, dont le principal est surtout de ne “pas être enfermée dans un globule rouge, ce qui la rend compatible avec tous les groupes sanguins”.
Actuellement, des tests ont été effectués sur des rongeurs, et cette molécule nommée HbAm, transporte l’oxygène “sans poser de problème d’hypertension”, et sans effets secondaires, contrairement à d’autres molécules chimiques ou biologiques déjà testées sur des humains. Autre avantage, elle “se conserve à différentes températures et peut être congelée ou lyophilisée”, précise Franck Zal, qui travaille sur l’arénicole depuis une trentaine d’années. Il faut aussi compter sur l’atout majeur de cette molécule : sa concentration. En effet, “quelques grammes seulement suffisent à remplacer une poche d’hémoglobine humaine de 70g”.
Après avoir cité tous ces atouts, on comprend que Franck Zal ait décidé de monter sa société, Hemarina avec sept associés, dont le but est l’extraction à l’échelle industrielle de cette nouvelle molécule, la HbAm. Le potentiel est assez énorme, puisqu’à l’échelle mondiale, le marché de la transfusion sanguine est estimé à près de 49 milliards d’euros par an d’ici à 2015. Il y a un manque énorme qu’il faut combler, puisqu’actuellement, seulement 70 millions de poches de concentré de globules rouges sont transfusées chaque année, alors qu’il en faudrait 270 millions.
En attendant, il faut encore attendre les résultats sur des volontaires humains, puis sur des malades. Tous ses tests vont être effectués à partir de 2010, jusqu’en 2015 si tout va bien. Une fois tout validé, le produit, déjà protégé par cinq brevets, pourra être commercialisé.
Il est très prometteur, puisque les applications seront multiples : l’HbAm peut être transfusée, elle peut également aider à la transplantation d’organes, à la composition de pansements actifs, ou encore à la culture cellulaire. Bref, cette molécule découverte en 2000, si elle tient toutes ses promesses pourrait provoquer une petite révolution dans le monde de la médecine. Affaire à suivre…
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