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Chansons oubliées : Nine, par Jean-Claude Rémy (1977)

Publié le 18 décembre 2011 par Réverbères
Chansons oubliées : Nine, par Jean-Claude Rémy (1977)Jean-Claude Rémy fait partie de ces chanteurs géniaux, mais intégres ! Dans les années 1970, il se mit à écrire des chansons, sans pour autant délaisser son boulot de professeur de sciences naturelles. Il était lui-même un de ces produits de la science : un soldat français perdu au Vietnam avait rencontré une belle – on le suppose – vietnamienne et lui avait fait un enfant qu’il ramena avec lui lorsque la guerre fut finie. Bref, Rémy était en train d’enseigner à Tanger les sciences naturelles tout en jouissant des choses de la vie et en écrivant quelques chansons.
Il se décida un jour à se rendre à Paris pour présenter celles-ci et – contre toute attente – elles reçurent un accueil plutôt enthousiaste. Ce fut finalement Pierre Perret qui rafla la mise : un contrat signé sous son label « Adèle ». Il sort deux 33 tours consécutifs « À la pariade » puis « Les corniauds », dont est extraite l’adorable chanson « Nine » que je reprends ici. Le succès est immédiat, sans pour autant devenir une star médiatique.
Mais alors que le succès lui semble promis, il abandonne tout ! Sans doute surtout par amour… et puis par l’appel des Comores et de Madagascar ! C’est quelque chose que je peux parfaitement comprendre !
Bref, son passage dans la chanson française ne fut qu’un souffle de vent ! Mais quel souffle ! Chaque fois que j’entends Jean-Claude Rémy, je frémis. Il y a là de l’humour, de l’impertinence, de la chaleur, de l’authenticité… qu’on ne retrouve nulle part ailleurs ! Sa voix est unique, chaleureuse, vraie, érotique !
Je croyais qu’il était définitivement perdu pour la chanson – ne sachant pas trop pourquoi -, mais l’envie de parler de ses chansons me fit redécouvrir sa trace. Il passe apparemment du bon temps à Madagascar, à pêcher et cuire du bon poisson à l’Île aux Nattes. Faudra que j’aille lui rendre visite un jour.
Il a même un site internet sur lequel on peu non seulement télécharger ses deux 33 tours de la belle époque, mais aussi télécharger un CD inédit « Où vont les baleines ? » qui est loin d’être inintéressant même si la prise de son artisanale mériterait un travail de professionnel.
Décidément, ce gars mérite le détour, et sa chanson « Nine » ose caresser des zones de morale qui, dans ces années-là, étaient encore bien audacieuses (et le restent sans doute) ! Quelle merveille, dont l’orchestration révèle toute l’onctuosité réaliste !


Avant d'écouter "Nine", arrêtez le lecteur à droite (s'il fonctionne).

Nine Nine Nine
La mal aimée
La mal mariée
Nine Nine Nine
Bien élevée
Regarde s’assoupir le corps
De son beau gros mari qui dort
D’un pesant sommeil viscéral
Sans problème ni Gardénal
Dans le tiède lit conjugal
Ouvre le col de sa chemise
Que l’air du soir les rafraîchisse
Les gentils nénés triomphants
Les jolis doudounes assoiffants
Les petits doudounes encombrants
Trop timide pour découcher
Autrement qu’en rêves éveillés
Ce jour de discrète luxure
Les doigts volant sur la couture
De sa secrète commissure
S’emballe au bord du camélia
Se dore au soleil de ses doigts
Soleil torride et délicat
Elle frissonne là en bas
Et ses orteils griffent le drap
Pousse un soupir insatisfait
Remonte le drap sur son nez
Et s’enroulant dans son mystère
De voyageuse en solitaire
S’endort en bonne ménagère

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