Il faudra surtout retenir de l'homme sa clairvoyance intellectuelle. Lui qui pendant ses longues années de dissidence, fut un fervent amateur de culture occidentale, n'en était pas moins un de ses plus grands critiques. Il savait que la liberté politique et économique se payait à coup d'égoïsme et d'individualisme et que ses concitoyens comme ses voisins ne pourraient pas échapper au danger de cette liberté recouvrée.
Sans surprise, il ne s'entendait guère avec son successeur Vaclav Klaus, anti-tout et européen en particulier. Vaclav Havel disparaît ainsi 22 ans après la chute du mur de Berlin et en pleine tourmente politico-économique européenne. Son décès, espérons-le, pour quelques instants, doit être l'occasion de se rappeler le chemin parcouru depuis l'Entre-deux guerres en Europe centrale et de se convaincre de l'intérêt de l'Union européenne, malgré tout. De se souvenir des valeurs qui ont nourries Vaclav Havel mais aussi tous ces dissidents politiques centre-européens qui ont lutté contre l'enfermement politique, économique et intellectuel du communisme. Se souvenir tout simplement que l'Union européenne vaut la peine de se battre, même s'il est vrai, les moyens utilisés et la réalité des motivations laissent parfois perplexes. Chapeau bas au "président-philosophe", dont la vie a été qualifiée d'"œuvre d'art" par un autre Tchèque célèbre Milan Kundera.
La Pologne voisine quant à elle, termine sa présidence européenne. Avec ses succès et ses échecs. En politique étrangère et d'Elargissement, elle aura été la présidence qui a vu la Croatie signer son traité d'adhésion. Mais c'est un succès qu'elle doit partager avec la Hongrie, qui 6 mois plus tôt a aussi beaucoup oeuvré sur ce dossier. Par contre, rien de concret en ce qui concerne la politique du partenariat oriental. La Hongrie s'était vu prendre le dossier des mains, mais la Pologne n'a pas su ou pu relever le défi d'amadouer l'Ukraine ni la Biélorussie. Il est vrai que la chose n'est guère facile et peut-être la Pologne trop impliquée et trop proche de ces pays, n'était peut-être pas la mieux placée. Pourtant son intérêt était un facteur dont aurait du profiter ces pays sollicités, intérêt qu'ils ne retrouveront peut-être pas avant longtemps sous une présidence européenne dirigée par un pays occidental. Le temps passe, les témoins du passé désertent la scène. L'ancien président de la Tchécoslovaqui...