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Avec cette disparition, c'est un acteur et un témoin capital d'une époque désormais révolue qui s'en va. Ancien dissident – terme aujourd'hui qui n'a plus la même connotation que dans les années de Guerre froide – l'homme incarnait volontairement ou non, ces intellectuels qui ont résisté à la pression du communisme, résistance payée par plusieurs années d'emprisonnement. Son parcours personnel reste typique de ces figures de proue du XXe siècle. Né dans une famille cultivée et aisée de l'Entre-deux-guerre, il vécut la chute de la fin de la Seconde Guerre mondiale et surtout la mise en place du régime communiste en Tchécoslovaquie dont il fut victime. Interdit d'étudier les sciences humaines à l'université à cause de ses origines sociales, il devint néanmoins un écrivain et dramaturge reconnu. A travers ses écrits, il manifesta très tôt ses convictions politiques et fut l'un des fondateurs de la Charte 77. A l'époque, ce document sur les Droits de l'Homme resta symbolique mais est néanmoins représentatif du courage et des convictions politiques de celui qui s'engagea lors du Printemps de Prague en 1968 puis fut ensuite l'instigateur du "Printemps de velours" en 1989, lorsque la Tchécoslovaquie, tout comme ses voisins, osa quitter le giron communiste.
Il faudra surtout retenir de l'homme sa clairvoyance intellectuelle. Lui qui pendant ses longues années de dissidence, fut un fervent amateur de culture occidentale, n'en était pas moins un de ses plus grands critiques. Il savait que la liberté politique et économique se payait à coup d'égoïsme et d'individualisme et que ses concitoyens comme ses voisins ne pourraient pas échapper au danger de cette liberté recouvrée.
Sans surprise, il ne s'entendait guère avec son successeur Vaclav Klaus, anti-tout et européen en particulier. Vaclav Havel disparaît ainsi 22 ans après la chute du mur de Berlin et en pleine tourmente politico-économique européenne. Son décès, espérons-le, pour quelques instants, doit être l'occasion de se rappeler le chemin parcouru depuis l'Entre-deux guerres en Europe centrale et de se convaincre de l'intérêt de l'Union européenne, malgré tout. De se souvenir des valeurs qui ont nourries Vaclav Havel mais aussi tous ces dissidents politiques centre-européens qui ont lutté contre l'enfermement politique, économique et intellectuel du communisme. Se souvenir tout simplement que l'Union européenne vaut la peine de se battre, même s'il est vrai, les moyens utilisés et la réalité des motivations laissent parfois perplexes. Chapeau bas au "président-philosophe", dont la vie a été qualifiée d'"œuvre d'art" par un autre Tchèque célèbre Milan Kundera.
La Pologne voisine quant à elle, termine sa présidence européenne. Avec ses succès et ses échecs. En politique étrangère et d'Elargissement, elle aura été la présidence qui a vu la Croatie signer son traité d'adhésion. Mais c'est un succès qu'elle doit partager avec la Hongrie, qui 6 mois plus tôt a aussi beaucoup oeuvré sur ce dossier. Par contre, rien de concret en ce qui concerne la politique du partenariat oriental. La Hongrie s'était vu prendre le dossier des mains, mais la Pologne n'a pas su ou pu relever le défi d'amadouer l'Ukraine ni la Biélorussie. Il est vrai que la chose n'est guère facile et peut-être la Pologne trop impliquée et trop proche de ces pays, n'était peut-être pas la mieux placée. Pourtant son intérêt était un facteur dont aurait du profiter ces pays sollicités, intérêt qu'ils ne retrouveront peut-être pas avant longtemps sous une présidence européenne dirigée par un pays occidental.
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