François TEYSSANDIER .

Vol oblique d'un oiseau qui s'ouvre le ciel à grands cris d'ailes.

Peindre la lumière de l'été qui enflamme la paille des chemins et mûrit le raisin en plein ciel par des coulées d'ocre et de jaune.

Peindre le souffle silencieux de la nuit qui rassemble les arbres autour des puits par de larges aplats de bleu griffé de noir.

Flatter de la main l'échine et le flanc du soleil pour qu'il rue vers les étoiles.

Sur les vitres opaques des fenêtres le bref reflet des visages de la pluie, et l'ombre furtive du vent qui les effleure avec un léger bruit de papier froissé.

Cet homme est si avare de baisers qu'il n'embrasse que l'horizon.

Plume de soleil qui vole dans l'air comme une main de lumière se posant sur le visage de la Terre.

Soudain le vent dépose les montagnes sur la mer.

Le vent jaunit le ciel qui dépose toutes les couleurs des saisons sur l'aile d'un moineau.

Tu crois marcher dans ce jardin qui s'emplit d'ombres et de voix, mais c'est le ciel qui tourne autour de toi.

La forge du langage rougeoie sans répit dans la chair des mots.

Sang du poème qui projette sa semence de lumière hors du cratère des mots.

Cime aiguisée par ton regard sur laquelle s'empale le soleil.

Voir et toucher la lumière comme si tu avais un œil au bout de chaque doigt.

François Teyssandier