Dans mes pérégrinations parisiennes, j'imagine que j'habite ici ou là. A l'angle de la rue du Pont aux Choux et du boulevard des Filles du Calvaire. Ce grand appartement haussmannien dont je dévalerais les couloirs en trottinette. Ou le studio sous les toits, rue des Mauvais Garçons, où je convierais des filles de mauvaise vie. Passage d'Enfer ou Impasse des Deux Anges, selon l'envie. Blasphémer Rue Dieu. Et fréquenter l'hôtel de passe, Rue de la Fidélité.
Paris fourmille de noms de rues à coucher sous les ponts et à chatouiller la rêverie.
Entre la rue de la Petite Truanderie et sa grande sœur, de la Grande Truanderie, il n'y a qu'un coin d'immeuble où le petit larcin fricote avec grande criminalité. Pour noyer ses turpitudes Fontaine des Innocents à un pâté de maisons.
Mon humeur bucolique m'installerait plutôt rue Papillon, du Soleil, de l'Hirondelle, des Quatre Vents ou Quai aux Fleurs, que de l'Arbre Sec.
Et quand il s'agit d'épeler son adresse, il est plus facile d'habiter Rue de la Chaise ou de l'Echelle que le Square Cardinal Wyszynski.
Et vous ? A quel nom fantaisiste de rue parviennent vos mots doux, vos factures ? Quelle truculente avenue accueille le pipi de votre toutou, vos idées métaphysiques, votre impatiente foulée ?