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"La vie est brève et le désir sans fin" de P. Lapeyre, Closer de M. Nichols et Jules et Jim de F. Truffaut

Publié le 18 décembre 2011 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

Il m'arrive souvent de choisir mes lectures simplement pour leur titre ou leur quatrième de couverture. Là les deux m'ont convaincue.

"La vie est brève et le désir sans fin" a raisonné en moi immédiatement. Au dos du roman j'ai pu lire ces quelques lignes :

"Nora n'aurait jamais dû revenir à Paris. Jamais. Mais elle est comme ça. Elle croit toujours que le temps est réversible. Donc elle est revenue.

Oh! Louis I've missed you so much lui a t'elle dit.

Et il en a perdu la parole."

J'ai parcouru le texte avec avidité. Parce qu'il est question de la confusion des sentiments. De l'errance amoureuse de personnages qui m'ont semblé familiers, perdus qu'ils sont dans leurs tourments, encore un peu adolescents, sans certitudes et guidés seulement par l'émotion. Deux hommes, une femme. Amour triangulaire. Traité d'une merveilleuse façon délicate et triste. Parsemé de pointes d'humour aussi.

Un roman où la plus profonde détresse cotoie la légèreté la plus aérienne : un roman à l'image de la vie, finalement.

Où certains passages sont franchement brillants. 

Extraits:

*

"Tous les hommes ont la nostalgie de ce temps énorme où la vie avait encore l'élasticité du possible"

*

"Pendant deux ans, enfermé dans le cercle de son chagrin, il s'est méthodiquement appliqué à vieillir. Il a vécu suspendu à un fil invisible, sans relever la tête, sans se soucier de personne, occupé à ses petites affaires et à ses tracas, en renonçant à tout le reste comme s'il cherchait à s'éteindre.

Il était d'ailleurs presque éteint quand elle l'a appelé."

*

"Il marche dans un état de quasi apesanteur jusqu'à une place avec un bar-tabac. A l'intérieur de la salle obscure, Blériot est impressionné par sa propre insensibilité comme s'il était encore sous anesthésie. Son bras est d'ailleurs tellement lourd qu'il a du mal à soulever son verre.

A sa dernière disparition, se rappelle t'il, il l'avait attendue pendant des heures sur une banquette de café en buvant une bière après l'autre, sans pouvoir s'arrêter de transpirer.

Le lendemain il avait un message sur son écran : Aime-moi fort. On se quitte pour longtemps (Love me do. We won't be seeing each other for a long time).

Ce fut deux ans."

*

"Je suis encore amoureux de cette fille, remarque t'il en sortant de son immeuble, avec la même objectivité qu'il aurait dit Tiens, il fait encore jour.

Ce n'est pas un changement de point de vue ou d'inclination, c'est un changement d'amplitude de son âme. Quelque chose qui le retient soudain de renoncer à être heureux."

*

"A partir de là, la vie commune devient irrespirable. Le jour ils s'évitent, et la nuit ils reposent dans leur lit comme deux blocs de solitude séparés par une incompréhension sans fin.

Ils pourraient se séparer, mais ils continuent à vivre ensemble, sans doute parce que dans leur confusion émotionnelle ils ont besoin d'ordre -même si chacun d'eux a son ordre à lui- et qu'ils ne redoutent rien tant que de voir leur vie livrée au chaos et à la dispersion."

*

"Car à cet instant -ils marchent un peu dans le fond du parc, à l'abri des regards-, marié ou pas marié, Spencer ou pas Spencer, la question de savoir si oui ou non il est en train de commettre une bêtise ne pèse pas très lourd face à la certitude brutale que cette fille lui est destinée.

C'est à la fois quelquechose de très fort et d'inévitable. Ce qui l'étonne d'ailleurs ce n'est pas que ce soit aussi fort, mais que ce soit aussi inévitable."

*

Closer de Mike Nichols : Pas  vraiment une histoire triangulaire puisqu'elle met en jeu deux duos, finalement... C'est beau, juste et touchant et puis Damien Rice en fond sonore, c'est bien sûr le petit plus qui change tout.


Closer, entre adultes consentants par Rubyowen

Jules et Jim. Impossible d'évoquer le moindre triangle amoureux sans faire référence à ce film-référence signé François Truffaut.

19€50 chez P.O.L.


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