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Le Maire, Morano et Wauquiez: trois sarkozystes à l'oeuvre

Publié le 18 décembre 2011 par Juan
Le Maire, Morano et Wauquiez: trois sarkozystes à l'oeuvre Leur candidat se cache, ses portes-flingues s'épuisent à batailler sans leader. Le Maire, Morano, Wauquiez, vous les entendez chaque jour fustiger si souvent François Hollande qu'on oublierait qu'ils sont aussi ministres. Souvent, l'outrance est à portée de verbe. Orphelins médiatiques, ces ministres sont mal à l'aise quand on leur demande pour qui ils font donc campagne.
Tous les autres candidats se sont officiellement déclarés. La campagne est partie, mais le principal protagoniste reste cloitré dans un rôle de composition qui ne leurre personne.
Bruno Le Maire, faux gentil
Mercredi soir, Bruno Le Maire était l'invité du Grand Journal de CANAL+. Officiellement, il est ministre de l'Agriculture. Il est aussi en charge, comme d'autres, de l'élaboration du programme de l'UMP pour le prochain quinquennat. C'est le gentil de la bande. Jamais un mot de trop, un regard clair, une voix posée. Il a toujours de l'affection pour Dominique de Villepin qu'il a trahit en grandes pompes il y a deux ans.
Le délégué de l'UMP ramait beaucoup ce mercredi soir. Quel est le programme ? demanda Michel Denisot. « Produire plus, dépenser moins » répondit-il. Quel programme crédible ! La production et l'emploi industriels n'ont jamais été aussi bas depuis une décennie; les dépenses et la dette publiques jamais aussi hautes. « Notre programme coûte zéro euro » compléta-t-il. L'UMP prévoit pourtant 30 milliards de dépenses nouvelles... Qui va payer ?
L'équipe du Grand Journal du jour confronta le malheureux ministre à un court montage video de récentes déclarations des ténors de l'UMP sur la crise du moment. On y voyait Valérie Pécresse nier la rigueur mais Jean-François Copé la confirmer; Baroin proclamer la fin de la crise mais Sarkozy dire le contraire; etc. Bruno Le Maire souriait tristement.
Elaborer le programme de l'UMP ne fut pas chose facile. En août, Nicolas Sarkozy avait interdit à Bruno Le Maire d'en dévoiler les grandes lignes lors du sinistre Campus UMP de Marseille. Puis il avait confier qu'il ne se sentirait pas lié par ces promesses. Le Monarque a fait des progrès depuis 2007. Désormais, il ne promet plus rien. Ensuite, l'UMP est prisonnière du credo actuel en Sarkofrance: l'absence de choix. Il n'y a pas d'alternative, nous répète-t-on à l'UMP. « Le prochain quinquennat, quoiqu'il arrive, sera le quinquennat de la règle d'or budgétaire. Il n'y a pas d'autre choix », s'exclamait ainsi Jean-François Copé aux cadres de l'UMP le 26 novembre dernier. Comment élaborer des propositions différenciantes s'il n'y aucune alternative ?
L'équation était donc difficile. Bruno Le Maire, ce mardi, marmonnait donc combien Nicolas Sarkozy ferait un grand candidat.
Jeudi matin, le programme de l'UMP était officiellement présenté à la presse. Bruno Le Maire souriait encore, aux côtés de Jean-François Copé: « Ce sont pas des slogans mais des propositions concrètes ». Vraiment ? Les 30 milliards de recettes attendues reposent en fait sur une meilleure lutte contre la fraude fiscale et sociale (sic!), une baisse de 2 milliards des dotations aux collectivités locales et une réduction de l'indemnisation chômage quand la croissance reviendra... Que du concret !
Nadine Morano, la bourde à portée de lèvres
Nadine Morano est un autre cas. Elle cultive sa gouaille, dégaine vite et réfléchit après. C'est une fanatique absolue du Monarque élyséen. « Celui qui est le plus à même de faire gagner notre famille politique le moment venu, c'est Nicolas Sarkozy parce qu'il est le président de la République ».
A cause d'elle, une caissière a perdu son job en mai dernier. Quand l'affaire Karachi reprend de  l'ampleur, elle pointe sur les affaires socialistes du Nord. Parfois, ses balles se perdent.  cette semaine, elle s'est encore illustrée.
Tandis que Jean-François Copé et François Fillon se réconciliaient provisoirement sur le sort de Rachida Dati, Nadine Morano lançait un scud contre l'ancienne Garde des Sceaux: «Elle est très attendue dans le département par les élus qui lui ouvrent grand les bras sur la 5e circonscription, à Chalon-sur-Saône, où elle est née, où elle a grandi. Voilà une proposition que nous pouvons faire à Rachida Dati, si elle décide d'abandonner son mandat de député européen».
La droite parisienne se déchire sur une circonscription si protégée.
Deux jours plus tard, Rachida Dati l'offensée répliquait: « ce sont des propos ni élégants, ni républicains. On dit à quelqu'un retourne chez toi, si vous voyez ce que je veux dire ».
Laurent Wauquiez, le pistonné
C'est le junior des seniors. Il s'emporte facilement, perd souvent le fil de ses argumentations. En 2011, il a décidé de prendre la main, de « se placer » au niveau de ses concurrents quadras comme l'un de ceux sur qui il faudra compter. Il en a d'ailleurs déjà les pratiques. En 2010, en pleine affaire Woerth et scandales sur les micro-partis, on avait découvert qu'il usait de son ministère pour inciter quelques entrepreneurs à financer son propre micro-mouvement. Quelle éthique ! Pour s'afficher au sommet, il s'est lancé dans une croisade démagogue contre « l'assistanat ». 
Wauquiez est Enarque, lettré, cultivé. Et pourtant, c'est le spécialiste des formules approximatives.
Jeudi 15 décembre, il était ainsi interrogé par Bruce Toussaint sur Europe 1. Il était tôt, il était mal rasé et portait de grosses lunettes noires au lieu de ses lentilles habituelles. En quelques minutes, nous eûmes droit à un joli florilège « wauquiezien ».
A propos du « Produire Français », grand thème à la mode ces derniers jours,
« Si jamais, enfin si jamais on arrive à avoir ce sursaut qui est une vraie question, qui est dans la mondialisation, est-ce que tous les produits d’où qu’ils viennent sont égaux pour nous? »
A propos de la crise financière actuelle,
« L’objectif, ce n’est pas le triple A uniquement, c’est l’équilibre de notre déficit.»
L'équilibre de notre déficit ? La formule est savoureuse...


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