L’année concerts à l’Espace Julien avait commencé avec les apocalyptiques Godspeed You! Black Emperor, elle se termine pour ma part avec la douce Keren Ann.
Avant de la retrouver, la première partie fleure bon les années 90 avec Doriand qui avait eu un petit succès avec le très Daho “Au Diable Le Paradis” puis a sorti 4 albums aussi encensés par une certaine presse qu’ignorés par le grand public.
Il est accompagné par une musicienne également très discrète, la guitariste Édith Fambuena, du groupe Les Valentins, ça ne nous rajeunit pas tout ça.
Après une chanson sympathique basée sur une recette de Clafoutis, le soufflé retombe assez vite avec un fou rire des deux qui amuse puis agace à force de s’éterniser.
Etonnant de voir un tel plantage de la part de ces vieux routards de la pop, même si la suite est plus heureuse.
Après quelques morceaux anecdotiques mais pas désagréables, le Libournais entonne un medley de deux chansons à succès écrites pour d’autres : “Elle m’a dit” le tube de l’été un rien casse bonbon de Mika et “Non non non” la rengaine de Camelia Jordana.
Jouées en accoustique elles s’avèrent plaisantes, tout comme “Les bords de mer” écrite pour Julien Doré qui semble ravir le public.
Un peu trop nonchalant et gentillet pour totalement convaincre, cette première partie s’achève par une chanson aux legers accents Cap Verdiens qu’il dédie à Cesaria Evora décédée dans l’après midi.
Le changement de plateau nous donne l’occasion après une selection allant de Tom Jones à Elliott Smith d’entendre le fameux compte à rebours de la chanson “101″ qui clot le dernier album de Keren Ann.
Qui n’était pas repassé à Marseille depuis son très beau concert dans cette même salle début 2003, autant dire une eternité.
Elle a eu la surprise en revenant de voir parmi les peintures exposées qu’elle y était représentée avec Arthur H ou Biolay, et dit amusée qu’elle aurait bien aimé l’être à coté de Diam’s et Booba.
C’est le dernier concert de sa tournée actuelle, elle est visiblement très détendue et contente de revenir dans le coin.
Première constatation, le groupe qui l’accompagne est nettement plus rock, les premiers titres comme “Suga Mama” étonnent par le coté blues electrifié assez éloigné du calme de ses derniers albums.
On remarquera également que mis à part sa récente reprise de Bashung (“Je fume pour oublier que tu bois”) c’est le repertoire exclusivement anglophone qui est préféré ce soir.
Dommage pour les “Ailleurs” ou “Que n’ai-je” qu’on aurait pas été mécontents d’entendre.
Les musiciens qui l’accompagnent envoie du bois et elle a l’assurance des chanteuses rock confirmées, mais c’est encore quand elle adoucit le tempo qu’elle est plus touchante.
“Chelsea Burns”, “Strange Weather” et “Not going anywhere” ont mes préférences, “Lay Your Head Down” s’avère très belle également.
Les tubes plus enlevés du dernier disque fonctionnent pas mal, “Blood on My Hands” la voit euphorique et joueuse, le discoïde “My Name Is Trouble” s’essayer à une danse décomplexée.
Lorsqu’elle nous dit qu’elle veut faire un truc “fou”, on déchante un peu quand il ne s’agit qu’un échange d’instruments avec son groupe, même si c’est amusant de la voir jouer de la batterie et essayer de chanter “Sailor & Widow”.
La reprise du “Big Yellow Taxi” de Joni Mitchell au rappel est nettement plus réussie, tout comme le titre accapela au second rappel.
Une belle soirée que j’ai trouvé légèrement en deça de la précédente, tout en espérant ne pas avoir à attendre encore une dizaine d’années avant de la revoir.